30 Juin 2021

Le 3 juin 2021, RTE et la Clinique de l'Ecole de Droit de Paris Sciences Po ont organisé une table ronde sur les inégalités dans l'enseignement supérieur en France.Cet événement en ligne a marqué la fin d'une autre année de collaboration entre les deux organisations, dans le cadre d'un projet pilote en cours sur le suivi des inégalités dans l'enseignement supérieur en France. 

Réunissant des chercheurs, des étudiants et des experts en droits de l'homme depuis 2018, le projet a donné lieu à la publication d'un rapport (2019) et d'une note d'orientation (2020) sur l'influence du lieu et de l'origine et des coûts indirects dans la réalisation du droit à l'enseignement supérieur, ainsi qu'à une page web thématique sur le droit à l'enseignement supérieur et à une série de blogs sur Covid-19 et l'enseignement supérieur (2021).  

La directrice exécutive de l'Initiative pour le droit à l'éducation, Delphine Dorsi, a souligné l'importance de promouvoir le droit à l'enseignement supérieur : 

'Le droit à l'éducation ne couvre pas seulement l'enseignement primaire et secondaire mais aussi l'enseignement supérieur. Garantir l'accès à l'enseignement supérieur sans discrimination est essentiel pour lutter contre les inégalités existantes dans la société et permettre une meilleure représentativité des différents groupes dans les postes de décision, par exemple.L'engagement des étudiants dans ce projet reflète notre volonté de donner du pouvoir à ceux qui sont les détenteurs du droit à l'enseignement supérieur par la recherche et le plaidoyer.'

Roman Zinigrad, post-doctorant à l'Université américaine de Paris et clinicien à la Clinique de l'École de droit de Sciences Po, a supervisé le projet au cours des trois dernières années - avec la collaboration d'Ana Hovartin pour l'année 2020-2021. Il a souligné l'importance de cette initiative : 

'Peu de recherches ont été consacrées à l'éducation en tant que matière juridique, en particulier dans le domaine des droits de l'homme et dans une perspective internationale. L'étude réalisée par les étudiants apporte une contribution substantielle et particulièrement pertinente à la recherche juridique sur l'éducation et au droit à l'éducation lui-même. Remettant en question les théories dominantes selon lesquelles l'enseignement supérieur est un levier de mobilité sociale, la recherche démontre que les mécanismes et institutions juridiques mêmes qui sont censés garantir l'égalité des chances dans la vie peuvent, à l'inverse, renforcer l'inégalité sociale et frustrer toute chance de mobilité sociale'.

Les principales conclusions de cette étude de trois ans ont été présentées lors de l'événement par Inès Girard, Fiona Vanston et Elodie Faïd, étudiantes de la promotion 2020 participant au projet. Elles ont souligné que si l'impact des inégalités socio-économiques sur l'accès à l'enseignement supérieur en France a été largement documenté, peu d'attention a été accordée à la manière dont elles se croisent avec d'autres variables (comme le lieu d'origine et les coûts indirects, par exemple) et aux conséquences plus larges de la combinaison d'inégalités transversales. 

L'étude montre que si certaines régions françaises offrent une grande variété d'établissements d'enseignement supérieur, avec une diversité de disciplines, de programmes et de cours, d'autres ont un nombre très limité d'options. Par conséquent, les étudiants doivent se déplacer d'une région à l'autre pour avoir accès à l'enseignement supérieur. 

La mobilité régionale augmente considérablement le coût des études, les coûts indirects tels que le logement et le transport pesant lourdement sur le budget des étudiants. Par exemple, le loyer d'un petit appartement à Paris est plus du double de celui d'un appartement similaire dans les villes du Mans ou de Poitiers. Les pôles universitaires étant concentrés dans les métropoles urbaines où le coût de la vie peut être très élevé, les étudiants qui se déplacent d'une région à l'autre pour leurs études rencontrent des difficultés supplémentaires pour aller jusqu'au bout de leur diplôme d'enseignement supérieur. 

Par conséquent, les différences régionales de niveau de vie recoupent les coûts indirects de la mobilité et les disparités socio-économiques. Le lieu d'origine peut donc être considéré comme un motif de discrimination, entravant l'égalité d'accès à l'enseignement supérieur. 

Regardez l'enregistrement complet de la table ronde ci-dessous, et lisez la série de blogs sur Covid 19 et l'enseignement supérieur, développée dans le cadre de la collaboration continue entre RTE et Sciences Po ici