Le 21 octobre, la Rapporteuse Spéciale sur le droit à l'éducation, Koumbou Boly Barry, a présenté à Assemblée générale des Nations Unies (à 1:44:20 de la vidéo) son dernier rapport sur les interrelations entre le droit à l'éducation et les droits à l'eau et à l'assainissement, y compris l'hygiène et la santé menstruelle. La Rapporteuse Spéciale a établi une approche holistique des droits de l'homme, et a souligné que les droits à l'eau et à l'assainissement sont des conditions préalables à l'efficacité du droit à l'éducation.
Le document souligne six problématiques clés :
le manque de législation et l'incohérence des politiques en la matière
l'insuffisance et le mauvais ciblage des ressources
la non-priorité du droit à l'éducation en temps de crise
le contrôle insuffisant de l'accès à l'eau, à l'assainissement
la mise en place ainsi que l'emplacement et l'entretien inappropriés des installations
la constante discrimination à l'encontre des groupes en situation de vulnérabilité ou de marginalisation.
Le rapport souligne que les États "n'engagent pas le maximum de leurs ressources disponibles pour assurer la réalisation progressive" de ces droits, même dans les pays en développement. Le rapport est accompagné d'une fiche d'information qui fournit des données alarmantes : "570 millions d'enfants n'ont pas accès aux services d'eau potable de base à l'école, près de 620 millions n'ont pas accès à des installations sanitaires de base et 900 millions n'ont pas accès à des services de lavage des mains". De plus, l'accès à l'hygiène et à l'assainissement a un impact sur la fréquentation scolaire et les capacités cognitives et de concentration des élèves, ce qui montre l'importance des interrelations des droits de l'homme.
Aujourd'hui plus que jamais, l'importance d'une hygiène décente dans les établissements scolaires est au cœur des préoccupations mondiales, la crise de la covid-19 est révélatrice de l'augmentation des inégalités, notamment sur l'accès à l'eau et aux normes minimales d'hygiène. Cependant, la Rapporteuse Spéciale a insisté sur le fait que les droits de l'homme à l'eau et à l'assainissement doivent être mis en œuvre pendant et après la covid-19.
Le rapport guide les États à remplir leurs obligations, et à construire une réponse politique cohérente qui prend en compte les 4A du droit à l'éducation. L'accès à l'eau, à l'assainissement et aux normes minimales d'hygiène (qualité et quantité de l'eau, toilettes disponibles, inclusion des filles, évacuation de l’eau propre et salubre, préparation et stockage des aliments) est un point essentiel pour assurer un système éducatif efficace. Par conséquent, le rapport souligne que les États doivent "reconnaître le droit à l'éducation et les droits à l'eau et à l'assainissement, y compris l'hygiène et la santé menstruelle, dans leur cadre juridique national".
Toutes les parties prenantes sont concernées, par exemple les écoles privées devraient également assurer l'interrelation entre une éducation de qualité et un assainissement de qualité de leurs installations. En outre, les politiques doivent être responsables et inclusives ; les apprenants, les travailleurs de l'éducation, les parents et les communautés doivent participer au processus de prise de décision. La rapporteuse spéciale souligne la nécessité de protéger les personnes les plus vulnérables qui souffrent de discrimination. L'éducation des filles et l'accès à la santé menstruelle devraient être abordés dans les programmes scolaires, tout autant que l'éducation à l'hygiène.
La Rapporteuse Spéciale propose des recommandations à tous les acteurs concernés (États, partenaires de développement, acteurs de la communauté éducative, travailleurs des services d'eau et d'assainissement et la société civile).
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