Ce mois-ci, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur le droit à l’éducation, Kombou Boly Barry, a publié un rapport sur le droit à l’éducation des migrants. Le rapport fait état des barrières auxquelles les migrants font face pour accéder au droit à l’éducation et invite les États à revoir leurs règlementations pour garantir aux migrants une juste place dans l’éducation et au sein des politiques de développement.
En présentant son rapport à la 76ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, la rapporteuse spéciale a attiré l’attention des États sur les différents problèmes auxquels les migrants sont confrontés, y compris, la discrimination - sous ses différentes formes - le manque d’infrastructures, la difficulté d’accéder au système d’éducation publique, l’exclusion, les législations migratoires restrictives, le manque de documentation tels que les dossiers scolaires, et l’absence de mécanismes de collecte de données.
Le rapport intégral est disponible ici. Il met l’accent sur l’étendue des autres vulnérabilités qui s’ajoutent enfants migrants : être des filles, femmes, personnes souffrant d’un handicap, LGBTQ+ et les personnes détenues. De plus, le rapport contient des détails relatifs à l’éducation et à la protection de la petite enfance (paragraphe 33) :
« Migrants dans les services d’éducation et de protection de la petite enfance. L’accès à des services d’éducation et de protection de la petite enfance de qualité est certes insuffisant dans le monde entier, mais les possibilités en la matière sont considérablement restreintes pour les enfants migrants. L’enseignement pré-primaire pour les jeunes enfants migrants a été gravement négligé dans les stratégies et politiques de gestion des migrants17. Selon une étude, les mesures prises au niveau national pour répondre aux besoins en matière d’éducation et de protection des jeunes enfants réfugiés et demandeurs d’asile sont extrêmement faibles, malgré l’obligation légale de servir cette population qui existe dans la plupart des pays, et la responsabilité des pays et l’obligation de rendre des comptes font largement défaut. »
Pour plus d’information sur le lien entre la migration et l’éducation et la protection de la petite enfance, voir notre dossier sur les limitations des cadres juridiques existants.
Le rapport fournit ensuite une analyse des cadres juridiques pour proposer une série de recommandations tenant compte du cadre des ‘4 A’ : disponibilité, accessibilité, acceptabilité, et adaptabilité de l’éducation.
La rapporteuse spéciale a saisi l’occasion pour mettre en lumière l’interdépendance entre le droit à l’éducation et d’autres problématiques, et le lien étroit entre la réalisation de besoins primaires tels que le logement, le transport, la subsistance matérielle et la connectivité, et la réalisation du droit à l’éducation.
Elle a aussi souligné le besoin de nourrir les valeurs du multiculturalisme, de la diversité, de la reconnaissance et la possession des identités culturelles ainsi que du rejet de toute forme de discrimination. Elle est revenue sur l’importance de l’éducation inclusive, et a aussi invité les États à offrir un espace à la société civile pour continuer ses efforts de recherche et assurer une éducation aux plus vulnérables, tout soutenant les enseignants issus de l’immigration.
La rapporteuse spéciale a cité, Paolo Freire, chercheur sur l’éducation pour insister sur l’importance de baser l‘activité humaine unique qu’est l’enseignement sur des considérations politiques, éthiques et épistémologiques. Elle a aussi souligné le besoin de développer une vision sociale cohérente ancrée dans de vraies stratégies visant à répondre aux défis que rencontrent les étudiants migrants à travers le monde. En réponse aux questions des représentants des États, la Rapporteuse a avancé l’importance d’adapter et de changer les structures sociétales qui empêchent les migrants de jouir de leur droit à l’éducation et d’imaginer des sociétés humaines pacifiques où toutes les identités sont respectées.
La vidéo de la présentation du rapport par la rapporteuse spéciale des Nations unies sur le droit à l’éducation est disponible ici.
Consulter le rapport en anglais, espagnol et français. Pour plus de données sur ces sujets, consulter nos pages sur le droit à l’éducation des migrants et l’éducation et la protection de la petite enfance.