Aujourd’hui plus de filles que jamais vont à l’école. Cependant, malgré des progrès, les femmes et les filles continuent d’être confrontées à de multiples obstacles à la jouissance égale au droit à une éducation de qualité en raison de leur sexe et de l’intersection de ce facteur avec de nombreux autres facteurs, tels que l’âge, l’ethnicité, la pauvreté, et le handicap. Cela inclut des obstacles, à tous les niveaux, pour accéder à une éducation de qualité et au sein de systèmes éducatifs, d’institutions et de salles de classe, tels que, entre autres:

La communauté internationale a reconnu le droit égal à une éducation de qualité pour tous et s’est engagée à parvenir à une égalité sexospécifique dans tous les domaines, dont l’éducation, grâce au consentement du droit international relatif aux droits humains. cela signifie que les États ont une obligation juridique d’éliminer tous les obstacles discriminatoires, qu’ils existent dans la loi ou dans la vie quotidienne, et de prendre des mesures positives pour instaurer l’égalité, aussi bien dans l’accès à, au sein de et par le biais de l’éducation.

L'inégalité entre les sexes dans l'éducation reste un défi partout dans le monde, empêchant les individus d'exercer leur droit humain à l'éducation. Non seulement elle affecte grandement la vie des individus, mais elle ralentit également le développement de la société, la croissance économique et détériore la qualité de vie.

Plusieurs facteurs contribuent à la persistance de l'inégalité entre les sexes dans l'éducation. Les facteurs socio-économiques, tels que la pauvreté ( ), l'instabilité sociopolitique et le manque d'accès à l'école affectent de manière disproportionnée la capacité des filles à recevoir une éducation. Les rôles traditionnels des hommes et des femmes contribuent également à l'écart entre les sexes en matière d'éducation, en attendant et en obligeant les filles à donner la priorité aux tâches ménagères et aux soins plutôt qu'à l'éducation formelle.

Il est donc nécessaire de s'attaquer à cette inégalité, en particulier pour les filles, car elle présente plusieurs avantages. Les femmes instruites gagnent généralement mieux leur vie, les salaires augmentant en moyenne de 12 % pour chaque année d'études supplémentaire. Le renforcement de l'éducation des filles permet de réduire les taux de mortalité infantile et maternelle, car les mères instruites ont moins de grossesses, sont moins susceptibles d'accoucher à l'adolescence et peuvent accéder aux soins de santé maternelle nécessaires. En outre, elle réduit les mariages d'enfants ; dans de nombreux pays, les filles sans éducation sont jusqu'à six fois plus susceptibles de se marier lorsqu'elles sont enfants que celles qui ont suivi un enseignement secondaire. L'éducation permet également aux femmes d'acquérir les compétences nécessaires pour assumer des rôles de direction, ce qui leur permet de plaider en faveur de politiques qui améliorent la vie de la famille et de la communauté, telles qu'une meilleure éducation et de meilleurs services sociaux.

La pandémie de Covid-19 a mis en évidence et aggravé les inégalités entre les hommes et les femmes dans de nombreux domaines de la vie, y compris l'éducation. Lesperturbations de l'enseignement ont affecté les enfants et les adolescents partout dans le monde, les filles risquant davantage de ne pas retourner à l'école et de perdre l'accès aux programmes dont elles ont besoin pour s'adapter à une main-d'œuvre en rapide évolution.

Malgré ces revers, des progrès ont été réalisés. Selon le rapport 2024 du GEM sur le genre, la parité entre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire inférieur a été atteinte en 2009 et 2013, respectivement. Toutefois, les progrès dans l'enseignement supérieur ont été inégaux. D'ici 2020, il y aura environ 114 femmes inscrites pour 100 hommes dans l'enseignement supérieur. La situation en Afrique subsaharienne reste toutefois préoccupante, car la parité n'a été atteinte à aucun niveau d'enseignement.

En 2020, pour 100 garçons à l'école primaire, il n'y avait que 96 filles, une tendance qui s'est poursuivie dans le premier cycle du secondaire (91 filles), le deuxième cycle du secondaire (87 filles) et l'enseignement supérieur (80 filles).

L'Afrique subsaharienne est la région où le nombre de filles non scolarisées est le plus élevé par rapport aux garçons, et cette tendance s'aggrave. Au niveau mondial, neuf des dix pays ayant les taux de non-scolarisation les plus élevés se trouvent dans cette région, à l'exception de l'Afghanistan. Entre 2000 et 2022, le nombre de garçons non scolarisés a diminué de 35 %, tombant à 128 millions, tandis que le nombre de filles non scolarisées a diminué de 41 %, tombant à 122 millions.

En outre, les taux d'achèvement des études révèlent d'importantes disparités entre les sexes, en particulier pour les groupes défavorisés. Alors que les taux d'achèvement de l'enseignement primaire et secondaire inférieur sont en hausse (53 % dans le secondaire supérieur en 2015 et 59 % d'ici 2023), les progrès dans le secondaire supérieur ont été plus lents.

Dans l'enseignement primaire, la parité entre les sexes est largement atteinte, les filles d'Afrique subsaharienne étant désormais plus susceptibles que les garçons d'achever l'école primaire dans les délais depuis 2013, bien que le taux de compilation global favorise toujours les garçons, avec 96 filles en compétition pour 100 garçons.

Dans le premier cycle de l'enseignement secondaire, alors que les taux d'achèvement dans les délais se sont rapprochés de la parité au niveau mondial depuis 2020, l'Afrique subsaharienne présente un écart dans l'achèvement final, avec seulement 85 filles achevant leurs études pour 100 garçons en raison de l'entrée tardive et du redoublement.

Dans le deuxième cycle de l'enseignement secondaire, les taux d'achèvement des études dans les délais ont atteint la parité à l'échelle mondiale en 2010, mais en 2018, 96 garçons ont achevé leurs études pour 100 filles. Toutefois, les jeunes femmes qui ne terminent pas le deuxième cycle de l'enseignement secondaire à temps sont souvent contraintes de quitter l'école prématurément, alors que les jeunes hommes peuvent se permettre de poursuivre leurs études.

Si de nombreux pays ont amélioré la situation des filles et des jeunes femmes, celles qui vivent dans des régions pauvres se heurtent à des obstacles considérables. Cette disparité est particulièrement évidente dans les contextes plus riches, où la parité entre les sexes existe parmi les jeunes les plus riches, mais où des écarts importants existent parmi les plus pauvres. Par exemple, en Côte d'Ivoire, 72 jeunes femmes sont scolarisées pour 100 jeunes hommes parmi les plus riches, mais ce chiffre tombe à seulement 22 jeunes femmes pauvres pour 100 jeunes hommes pauvres.

(Toutes les statistiques ci-dessus sont tirées du rapport GEM 2024 sur le genre).

Pour résoudre ce problème, l'UNESCO a adopté une Stratégie pour l'égalité des genres dans et par l'éducation (2019-2025) afin d'articuler l'action nécessaire pour atteindre l'égalité des genres dans et par l'éducation.

Le droit à l’éducation fondé sur la non-discrimination et l’égalité est un droit reconnu en vertu du droit en matière de droits humains. Les dispositions en lien avec l’égalité des sexes dans l’éducation peuvent être trouvées au sein de traités internationaux généraux et spécifiques, ainsi que dans les traités conclus dans la plupart des régions du monde.  

À ce stade, il peut être utile de se référer à notre page l’éducation: un droit, qui explique le contenu normatif du droit à l'éducation, qui correspond à ce qui est conféré aux détenteurs de droits (l'éducation doit être acceptable, accessible, adaptable, et à disposition) et les obligations légales des États de mettre en oeuvre ce contenu, y compris les obligations d'effet immédiat, les obligations fondamentales minimales et la réalisation progressive, essentielles à la compréhension du contenu exposé ci-dessous.

En résumé, toutes les dispositions relatives à la non-discrimination comportent des obligations immédiates et sont considérées comme une obligation fondamentale minimale, ce qui signifie que les États doivent prendre des mesures immédiates en priorité. Les dispositions relatives à la réalisation de l'égalité réelle, si elles ne visent pas à éliminer la discrimination, et à réaliser le droit à une éducation de qualité pour tous (à quelques exceptions près) sont sujettes à une réalisation progressive. Cela signifie que les États ont l'obligation de prendre des mesures délibérées, concrètes et ciblées, en fonction des ressources maximales disponibles, pour avancer rapidement et efficacement vers la pleine réalisation du droit à l'éducation.

La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979, CEDAW) est le seul traité juridiquement contraignant au niveau international qui se concentre exclusivement sur les droits des femmes. Il interprète et applique le droit à l’éducation d’une manière qui tient compte des besoins et des circonstances spécifiques des femmes et des filles. L’article 10 de la CEDAW est la disposition la plus complète sur le droit à l’éducation des femmes et des filles au sein du droit international. Il énonce le contenu normatif relatif à l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et à la garantie de l’égalité des droits avec les hommes dans le domaine de l’éducation, notamment :

  • les mêmes conditions d’accès aux études et aux diplômes à tous les niveaux d’éducation, à la fois dans les zones rurales et urbaines
  • une même qualité de l’éducation
  • l’élimination de tout concept stéréotypé du rôle des femmes et des hommes   (voir ci-dessous)
  • les mêmes possibilités de bénéficier de bourses d’études
  • le même accès aux programmes de formation continue, dont les programmes d’alphabétisation, particulièrement ceux visant à réduire l’écart entre les sexes dans l’éducation.
  • la réduction des taux d’abandon scolaire féminins et des programmes pour les filles et les femmes ayant quitté l’école de manière prématurée
  • la même possibilité de participer aux activités sportives et à l’éducation physique
  • l’accès à l’information éducative sur la santé, y compris des conseils sur la planification familiale

Plusieurs autres dispositions de la CEDAW sont également pertinentes à l’égalité entre les sexes dans l’éducation.  

L’article 1 définit la discrimination entre les femmes comme:

toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou l'exercice par les femmes, quel que soit leur état matrimonial, sur la base de l'égalité de l'homme et de la femme, des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social, culturel et civil ou dans tout autre domaine.

L’article 2 décrit les mesures juridiques et politiques que les États devraient entreprendre pour éliminer la discrimination entre les femmes et s’applique donc à l’ensemble des droits énoncés dans la CEDAW. Cela inclut des mesures juridiques et politiques en lien avec la mise en oeuvre du droit à l’éducation sur une base non-discriminatoire.

L’article 3 demande aux États de prendre toutes les mesures appropriées dans les domaines politiques, sociaux, économiques et culturels afin de garantir que les femmes puisse exercer et jouir de leurs droits humains sur un pied d’égalité avec les hommes.

L’article 4 décrit les conditions de recours à des mesures temporaires spéciales pour accélérer l’égalité de facto entre les hommes et les femmes.

L’article 5 demande aux États de prendre des mesures appropriées pour éliminer les stéréotypes sexistes (voir ci-dessous), les préjugés, les pratique culturelles discriminatoires, et toutes les autres pratiques qui sont basées sur l’idée d’infériorité ou la supériorité de l’un ou l’autre des deux sexes ou sur des rôles stéréotypés des femmes et des hommes.

L’article 7 concerne le droit à participer à la vie publique et politique. ces droits sont fondamentaux au moment de s’assurer que la perspective et les questions de genre sont prises en compte au moment de concevoir, de formuler et de mettre en oeuvre des lois, politiques et autres mesures affectant l’égalité entre les sexes dans l’éducation.

L'article 11, (1) (c), prévoit le droit à la formation professionnelle et à la reconversion, y compris l'apprentissage, la formation professionnelle avancée et la formation périodique.

L’article 14 (d) énonce le droit à l’éducation des femmes rurales, qui inclut le droit à obtenir toutes sortes de formation et d’éducation, formelles et non-formelles, dont celles concernant l’alphabétisation fonctionnelle.  

Pour finir, l'article 16 énonce les droits des femmes en matière de mariage et de vie familiale. L'article 16 (2) interdit explicitement le mariage d’enfants et impose aux États de fixer un âge minimum pour le mariage (voir ci-dessous).

Recommandation générale No 36 sur le droit à l’éducation des femmes et des filles

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a émis une interprétation autoritaire de l'article 10 dans l’Observation générale No 36 sur le droit des filles et des femmes à l’éducation, qui précise les obligations juridiques des États en vertu de la CEDAW d’éradiquer les obstacles discriminatoires empêchant les filles de jouir de leur droit à l'éducation et mettre en œuvre des mesures visant à instaurer l'égalité dans la pratique, et formuler des recommandations juridiques et politiques concrètes et réalisables qui permettraient aux États de se conformer à la CEDAW. Ce faisant, le Comité introduit une nouvelle approche pour comprendre la pleine nature du droit: le «cadre tridimensionnel des droits fondamentaux», qui comprend les droits d'accès à l'éducation, l’éducation en tant qu’espace de droits et l’éducation en tant que vecteur de droits droits.

Les droits à l'accès à l'éducation implique la participation et se reflète dans “le degré d’égalité de représentation entre, d’une part, les filles et les garçons et, d’autre part, entre les femmes et les hommes, et l’existence d’infrastructures adéquates, à tous les niveaux, pour accueillir les différentes cohortes d’âge.” (paragraphe 15). L'accessibilité comprend trois éléments: l'accessibilité physique qui nécessite la disponibilité d'infrastructures adéquates; l'accessibilité technologique pour les personnes qui ne peuvent pas aller à l'école, par exemple grâce aux technologies de l'information et de la communication dans des environnements d'apprentissage à distance et ouverts; et l'accessibilité économique, ce qui signifie que l'éducation doit être gratuite du niveau préscolaire au niveau secondaire et progressivement gratuite au niveau tertiaire.

L’éducation en tant qu’espace de droits correspond étroitement aux concepts “d’acceptabilité” et de “qualité” et va “au-delà de l’égalité numérique et vise à promouvoir une véritable égalité des sexes dans l’éducation. Ces droits concernent l’égalité de traitement et de chances, ainsi que la nature des relations entre les étudiants et enseignants masculins et féminins au sein des établissements d’enseignement. Cet aspect de l’égalité est particulièrement important, car la société façonne et reproduit les inégalités fondées sur le sexe par le truchement des institutions sociales, et les établissements d’enseignement jouent à cet égard un rôle crucial. Au lieu de s’attaquer aux normes et pratiques discriminatoires sexistes bien enracinées, l’école, dans de nombreuses sociétés, renforce les stéréotypes sexistes et maintient l’ordre sexospécifique en reproduisant les hiérarchies hommes-femmes et les liens de domination et subordination, ainsi que les dichotomies reproduction - production et privé-public” (paragraphe 16).

L’éducation en tant que vecteur de droits “s’intéresse à la manière dont l’école forge les droits et l’égalité des sexes dans les aspects de la vie qui se situent en dehors de la sphère de l’éducation. L’absence de tels droits est particulièrement criante lorsque l’éducation, qui devrait être porteuse de changement, ne permet pas d’obtenir des avancées significatives concernant la condition des femmes au plan social, culturel, politique et économique, ce qui les prive de la pleine jouissance des droits qui sont les leurs dans ces domaines. L’une des questions majeures est ici de savoir si les diplômes ont la même valeur et la même utilité sociale pour les femmes que pour les hommes. Lorsque l’on examine la situation à l’échelon mondial, il apparaît que, bien souvent, les hommes occupent de meilleurs postes que les femmes même lorsque leur niveau d’instruction est inférieur” (paragraphe 17).


La Convention de l’UNESCO contre la discrimination dans le domaine de l’enseignement (1960, CADE pour son sigle en anglais) interdit toute forme de discrimination dans l’éducation, y compris celles fondées sur le genre. La CADE définit la discrimination dans l’article 1, qui est plus spécifique que la définition de la CEDAW dans la mesure où elle s’applique uniquement à l’éducation. Par exemple, elle fait référence à la discrimination à la fois dans l’accès et dans la qualité de l’éducation et aux écoles séparant les filles et les garçons.

l’article 2 (a) de la CADE permet “la création ou le maintien de systèmes ou d'établissements d'enseignement séparé pour les élèves des deux sexes, lorsque ces systèmes ou établissements présentent des facilités d'accès à l'enseignement équivalentes, disposent d'un personnel enseignant possédant des qualifications de même ordre et permettent de suivre les mêmes programmes d'études ou des programmes d'études équivalents”. L’article 2 (c) permet la création ou le maintien d’établissements d’enseignement privés tant que “ces établissements ont pour objet non d'assurer l'exclusion d'un groupe quelconque”.

Plusieurs autres traités internationaux relatifs aux droits humains garantissent également le droit à l’éducation des femmes et des filles en combinant des dispositions générales sur la non-discrimination avec des dispositions spécifiques relatives au droit à l’éducation.

Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966, PIDESC) garantit le droit à l’éducation de tous sur la base de l’égalité et de la non-discrimination (Articles 13 et 14) et interdit expressément toute discrimination fondée sur le sexe (Articles 2 (2) et 3). Dans son observation générale sur le droit à l’éducation, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels impose des obligations en vertu des articles 2 (2) et 3 se rapportant au droit à l’éducation, clarifiant, entre autres, que les mesures temporaires pour instaurer l’égalité de facto entre les sexes en ce qui concerne l’éducation sont légitimes tant que cette action positive n’amène pas au ‘maintien de normes inégales ou séparées pour différents groupes, et à condition qu’elles ne soient pas maintenues une fois que les objectifs pour lesquels elles ont été instaurées ont été atteints”. Le Comité stipule également que les États “doivent surveiller l’éducation de près - notamment toutes les politiques, institutions, programmes, schéma de dépenses et autres pratiques - afin d’identifier et de prendre des mesures pour corriger toute discrimination de facto. Les données relatives à l’éducation devraient être ventilées selon les motifs illicites de discrimination.”

L’article 2 (2) de la Convention relative aux droits de l’enfant (1989, CIDE) interdit la discrimination fondée sur le sexe. Lorsqu’ils sont lus avec les articles 28 et 29 sur le droit à l’éducation et les objectifs de l’éducation, respectivement, il existe une obligation juridique claire de garantir une égalité et une non-discrimination dans l’éducation. En outre, les objectifs de l’éducation, prévus à l’article 29 (1), incluent de: “Préparer l'enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d'égalité entre les sexes et d'amitié entre tous les peuples”.

L’article 6 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (2006, CRDH) reconnaît que les filles handicapées peuvent être l’objet de multiples discriminations et oblige les États à “ prendre toutes les mesures appropriées pour assurer le plein développement, promotion et émancipation des femmes” en matière de droits relatifs à la CRDH, ce qui comprend le droit à l’éducation, garantis en vertu de l’article 24. Le Comité des droits des personnes handicapées, dans son interprétation de l’article 24 de l’observation générale 4 stipule que les États doivent identifier et éliminer tout obstacle et mettre en place des mesures spécifiques pour garantir que le droit à l’éducation des femmes et des filles handicapées ne soit pas entravé par une discrimination, une stigmatisation, ou un préjugé fondé sur le sexe et/ou sur le handicap. L’article 8 (1) (b) reconnaît que les stéréotypes liés au sexe peuvent recouper les stéréotypes sur les personnes handicapées, et demande aux États de “prendre des mesures immédiates, efficaces et appropriées en vue de combattre les stéréotypes, les préjugés et les pratiques dangereuses concernant les personnes handicapées, y compris ceux liés au sexe et à l’âge, dans tous les domaines”.

Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1996, PIDCP) dispose d'une clause de non-discrimination autonome (Article 26) qui s'applique à “tout domaine réglementé et protégé par les autorités publiques”. Le Comité des droits de l’homme a expliqué que : “ lorsqu’une législation est adoptée par un État partie, elle doit se conformer aux exigences de l’article 26 stipulant que son contenu ne devrait pas être discriminatoire. En d’autres termes, la mise en oeuvre du principe de non-discrimination énoncé à l’article 26 n’est pas limitée aux droits énoncés dans le Pacte.” Selon cette interprétation, en vertu du PIDCP, il existe une obligation de garantir que les lois et les réglementations relatives à l’éducation ne discriminent pas les femmes et les filles.

Les femmes et les filles sont confrontées à différents obstacles en ce qui concerne leur éducation, et ce dans différentes régions du monde. Le droit à l’éducation, bien qu’universel, prend des significations différentes lorsqu’il est interprété et appliqué compte tenu des coutumes, des traditions, des cultures, des valeurs régionales, etc. Les traités régionaux relatifs aux droits humains, garantissent par conséquent le droit à l’éducation d’une forme sous la forme adaptée de celle qui reconnaît les obstacles communs à la région, et tient compte des objectifs éducatifs universels et spécifiques à chaque région.

L’Afrique est la seule région qui a un traité relatif aux droits humains consacré spécifiquement aux femmes et aux filles. L’article 12 de ce Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique (2003) charge les États partie d’éliminer toute discrimination à l’égard des femmes dans l’éducation, et les oblige notamment à :

  • éliminer tous les stéréotypes liés au sexe dans les manuels scolaires, les programmes d’enseignement et les médias ;
  • protéger la femme, en particulier la petite fille contre toutes les formes d’abus, y compris le harcèlement sexuel dans les écoles et autres établissements et prévoir des sanctions contre les auteurs de ces pratiques;
  • faire bénéficier les femmes victimes d’abus et de harcèlements sexuels de conseils et de services de réhabilitation
  • intégrer la dimension de genre et l’éducation aux droits humains à tous les niveaux

En vertu du Protocole, les États doivent promouvoir activement:

  • l’alphabétisation des femmes
  • l’éducation et la formation des femmes à tous les niveaux et dans toutes les disciplines et en particulier dans les domaines de la science et de la technologie
  • l’inscription et le maintien des filles dans des structures éducatives formelles et non-formelles, y compris les programmes d’éducation de base.

Le Protocole engage également les États parties à prendre des mesures sur un certain nombre de questions affectant le droit des femmes et des filles à l’éducation, notamment :

  • éliminer la discrimination à l’égard des femmes (Article 2)
  • interdire les mutilations génitales féminines (Article 5 (b))
  • fixer l’âge minimum du mariage pour les filles à 18 ans (Article 6 (b))
  • assurer la participation effective et la représentation des femmes dans les processus de prise de décision (Article 9 (2))
  • garantir les droits à la santé et au contrôle des fonctions de reproduction (Article 14)

​Le droit à l’éducation des filles est aussi largement protégé par plusieurs autres traités africains.

L’article 13 de la Charte africaine de la jeunesse (2006, CAJ) définit le droit à l’éducation appliqué à la jeunesse africaine (toute personne de 15 à 35 ans, tel que le définit la CAJ), notamment les dispositions exigeant :

  • que les programmes d’enseignement incluent des informations sur les pratiques culturelles qui sont nocives à la santé des jeunes femmes et des filles (Article 13 (3) (f))
  • que les filles et les jeunes femmes tombant enceintes ou se mariant aient l’opportunité de poursuivre leur formation (Article 13 (4) (h))
  • l’introduction de programmes d’octroi de bourses d’études pour encourager l’inscription à l’enseignement post-primaire et supérieur pour les jeunes remarquablement doués issus de communautés défavorisées, et spécialement les jeunes filles (Article 13 (4) (l))
  • d’instituer et promouvoir la participation de toutes les jeunes femmes et tous les jeunes hommes aux activités sportives, culturelles et de loisirs comme faisant partie du développement intégral (Article 13 (4) (m))
  • de promouvoir une éducation culturellement appropriée, tenant compte d’une sexualité conforme à l’âge ainsi qu’une responsabilité parentale (Article 13 (4) (n))

L’article 11 de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (1990) exige que les États parties prennent des mesures spéciales pour assurer l’accès égal des filles à l’éducation (Article 11 (3) (e)) et prennent “toutes les mesures appropriées pour veiller à ce que les filles qui deviennent enceintes avant d'avoir achevé leur éducation aient la possibilité de la poursuivre compte tenu de leurs aptitudes individuelles.” (Article 11 (6)).exige que les États parties prennent des mesures spéciales pour assurer l'égalité d'accès à l'éducation des filles (article 11.3) e)) et prennent toutes les mesures appropriées pour garantir que “les filles qui deviennent enceintes avant d'avoir achevé leur éducation aient la possibilité de la poursuivre compte tenu de leurs aptitudes individuelles” (article 11 (6)).

Pour plus d’informations, veuillez consulter le rapport conjoint de la Commission de l’Union africaine et du HCDH, Women’s Rights in Africa (2016).

Dans le monde Arabe, la Charte arabe des droits de l’homme (2004) garantit l’égalité entre les hommes et les femmes et la non-discrimination dans l’article 3 et le droit à un enseignement primaire “obligatoire et accessible” sans discrimination dans l’article 41.

En Asie, la Déclaration des droits de l’homme de l’ASEAN (2012, lien en anglais) qui n’est pas juridiquement contraignante, garantit le droit à l’éducation dans l’article 31 et la non-discrimination en tant que principe général, mais non en tant que droit humain. 

En Europe, la Convention européenne des droits de l’homme (1950) garantit le droit à la non-discrimination dans l’article 14 qui, lu avec l’article 2 du Protocole à la Convention européenne des droits de l’homme (1958) sur le droit à l’éducation, interdit la discrimination dans l’éducation fondée sur le sexe. De plus, le protocole 12 à  la Convention européenne des droits de l’homme (2000) interdit la discrimination dans l’exercice de tout droit reconnu par la législation nationale.

La Charte sociale européenne (révisée) (1996) interdit la discrimination en vertu de l’article E, à condition que l’État prenne toutes les mesures nécessaire pour assurer un enseignement primaire et secondaire gratuit, ainsi qu'à favoriser la régularité de la fréquentation scolaire en vertu de l’article 17, et le droit à l’orientation professionnelle (Article 9) et à la formation (Article 10).

La Convention sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (2011, Convention d’Istanbul) identifie l’éducation comme domaine fondamental dans lequel prendre des mesures pour éliminer la violence sexiste et ses causes, et oblige les États à prendre :

les actions nécessaires pour inclure dans les programmes d’étude officiels et à tous les niveaux d’enseignement du matériel d’enseignement sur des sujets tels que l’égalité entre les femmes et les hommes, les rôles non stéréotypés des genres, le respect mutuel, la résolution non violente des conflits dans les relations interpersonnelles, la violence à l’égard des femmes fondée sur le genre, et le droit à l’intégrité personnelle, adapté au stade de développement des apprenants.

La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (2010), qui s’applique aux institutions et organes de l’UE ainsi qu’aux États membres de l’UE lorsqu’ils agissent dans le cadre législatif européen, garantit le droit à l’éducation (Article 14), la non-discrimination (Article 21), et l’égalité entre les hommes et les femmes (Article 23).

En outre, le Conseil de l’Europe a adopté une Recommandation juridiquement non contraignante du Comité des ministres aux États membres relative à l’approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’éducation (2007).

Dans la région interaméricaine le Protocole additionnel à la Convention américaine relative aux droits de l’homme traitant des droits économiques, sociaux et culturels, “Protocole de San Salvador” (1988) interdit la discrimination en vertu de l’article 3 et le droit à l’éducation en vertu des articles 13 et 16.

Les articles 34, 49, et 50 de la Charte de l’organisation des États américains (1948) garantissent plusieurs aspects du droit à l’éducation.

La Convention interaméricaine pour la prévention, la sanction et l’éradication de la violence à l’égard des femmes (1994, Convention de Belém do Pará) stipule que toutes les  femmes ont le droit de ne pas être soumises à la violence, ce qui comprend le droit d’être libre de toutes formes de discrimination et le droit de «recevoir une éducation dénuée de stéréotypes en matière de comportement et de pratiques sociales et culturelles fondées sur des concepts d'infériorité ou de subordination» (article 6).

Enfin, la Charte démocratique interaméricaine (2001) appelle à l'élimination de la discrimination fondée sur le sexe (article 9) et stipule qu '«une éducation de qualité doit être accessible à tous, notamment aux jeunes filles et aux femmes». (Article 16).

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Lorsqu’un État ratifie un traité de défense des droits humains garantissant le droit à l’éducation, sans discrimination d’aucune sorte (voir les trois sections ci-dessus), il est également tenu de mettre en oeuvre ces dispositions dans sa juridiction. Cela signifie que les États ne peuvent pas simplement ratifier un traité garantissant les droits humains sans prendre les mesures nécessaires pour en faire une réalité pour ses citoyens. De telles mesures incluent des mesures administratives, juridiques, politiques et économiques. L’Observation générale No 36 sur le droit des filles et des femmes à l’éducation du Comité sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes élabore de telles mesures et expose des recommandations juridiques et politiques précises et applicables qui permettraient aux États de respecter les obligations découlant de l’article 10 et d’autres dispositions pertinentes de la Convention de l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes (CEDAW).

L’engagement juridique des États envers la CEDAW, la Convention de l’Unesco concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l’enseignement (CADE pour son sigle en anglais), le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et politiques (PIDESC), la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE)— à savoir les 4 principaux traités garantissant le droit à l’éducation des femmes et des filles - est relativement généralisé. En décembre 2017, 189 États avaient ratifié et adhéré à la CEDAW, soit 96% des États membres de l’ONU. La CADE compte 101 États parties, le PIDESC compte 166 États parties, et la CDE compte 196 États parties. Selon nos recherches (à paraître), qui classent les États selon leur niveau d'engagement juridique envers l'égalité des sexes dans l'éducation sur la base des traités qu'ils ont ratifiés, près de la moitié des États (87,44%) ont l'engagement juridique le plus élevé. Les États se regroupent autour des deux niveaux les plus élevés (sur six niveaux) (144; 73%). Cependant, malgré cela, la mise en œuvre universelle du droit à l'éducation à l’échelle nationale pour toutes les femmes et les filles est loin d'être atteinte, ce qui constitue un obstacle structurel majeur à la réalisation de l'égalité des sexes dans l'éducation. Voici ci-dessous une carte montrant quels États protègent constitutionnellement le droit à l'éducation des femmes et des filles.

Pour plus d’informations sur le statut juridique du droit à l’éducation des filles et des femmes dans des pays spécifiques, veuillez consulter :

  • Le document de référence du RTE pour l’examen sexospécifique du Rapport mondial de suivi sur l’éducation de 2017 qui inclut des informations sur l’engagement juridique de chaque État à la réussite du droit à l’éducation des femmes et des filles, sans discrimination
  • La base de données mondiale de l’Unesco sur le droit à l’éducation (recherche par thèmes "non-discrimination" et "égalité des genres")

De plus, UNGEI a produit des directives utiles à l'intention des planificateurs de l'éducation aux niveaux national et régional pour les aider à élaborer des plans pour le secteur éducatif qui soient attentifs aux sexospécificités.

Les femmes et les filles sont titulaires de droits et, en tant que telles, ont droit au plein exercice et à la jouissance égale du droit à l'éducation. Cependant, en plus d'être un droit fondamental en soi, le droit à l'éducation est un «droit multiplicateur» et est, par conséquent, essentiel pour leur permettre de bénéficier et de revendiquer d’autres droits fondamentaux, tels que ceux liés au travail, à la propriété, à la participation politique, à l'accès à la justice, à l'élimination de la violence et à l’accès à la santé, y compris la santé et les droits sexuels et reproductifs.

Les filles qui reçoivent plus d'éducation sont moins susceptibles de se marier lorsqu'elles sont enfants et de devenir enceintes et jeunes mères. Selon l'organisation Girls not brides, chaque année où une fille reste à l'école secondaire, la probabilité qu'elle se marie dans l'enfance diminue de 6 %. Selon l'UNESCO, les enfants de mères alphabétisées ont plus de 50 % de chances de vivre au-delà de l'âge de cinq ans. Les filles et les femmes en retirent également des avantages considérables sur le plan de la santé, car il est largement prouvé que l'augmentation du niveau d'instruction de la mère réduit la probabilité de mourir en couches.

Assurer une éducation de qualité pour toutes les filles augmente aussi le montant de leurs revenus et prévient la féminisation continue de la pauvreté. Selon le Groupe de la Banque mondiale (GBM), une année d'études secondaires pour une fille peut représenter jusqu'à  25% d’augmentation de salaires plus tard dans la vie. Les bénéfices en sont transmis à leurs enfants dans la mesure où les femmes ont tendance à réinvestir 90% de leur revenu dans leur famille. 

Les études ont montré de façon constante qu’éduquer les filles apporte des bénéfices importants et de grande ampleur non seulement aux femmes elles-mêmes et à leurs familles, mais aussi à leurs sociétés et économies. Il s’est avéré que l’éducation des filles a un impact important sur la croissance économique. Selon GBM, une hausse d’un point de pourcentage dans la proportion des femmes ayant fait des études secondaires augmente le produit intérieur brut (PIB) de 0.3 %. L’éducation peut améliorer les opportunités de travail des femmes, ce qui peut avoir un impact sur la réduction de la pauvreté. Par exemple, en Amérique latine, lorsque la participation des femmes au marché du travail a augmenté de 15 % en une seule décennie, le taux de pauvreté a baissé de 30 % (GBM).

Les filles et les femmes sont confrontées à des formes spécifiques de discrimination dans l'accès à l'éducation, au sein des systèmes éducatifs et à travers l'éducation. Les accordéons ci-dessous expliquent les obstacles les plus courants rencontrés par les femmes et les filles dans le monde. Chacun de ces obstacles est étayé par des stéréotypes sexistes néfastes sur le rôle des femmes et des hommes dans la société.

Bien que le sexe soit un motif de discrimination formellement interdit en vertu du droit international relatif aux droits humains, il est important de reconnaître que les femmes et les filles sont très hétérogènes. L'inégalité entre les sexes et la discrimination envers, au sein de et à travers l'éducation sont vécues sous des formes variées et à tous les niveaux par les femmes et les filles, selon leur contexte personnel, local et national. Mais chaque femme et fille qui a fréquenté l'école a probablement rencontré une forme de discrimination dans l'éducation à un moment de sa vie.

La discrimination croisée reconnaît que les femmes et les filles sont confrontées à la discrimination de différentes manières. L'interaction entre le genre et d'autres facteurs tels que la pauvreté, la vie en milieu rural et / ou des caractéristiques telles que la déficience physique ou mentale, la race, l'origine ethnique, l'orientation sexuelle et l’identité de genre (lien en anglais) exacerbe la discrimination dont les femmes et les filles sont victimes en ce qui concerne leur droit à l'éducation.

Par exemple, selon l’examen sexospécifique du Rapport mondial de suivi sur l’éducation de 2016 (p. 19), en 2011 en Inde, les taux d’achèvement du deuxième cycle du secondaire des filles et des garçons urbains riches était en moyenne de 70%. Pour les hommes ruraux pauvres, la moyenne était de 26% mais ce taux était beaucoup plus bas pour les femmes des zones rurales pauvres, ce qui indique que ce n’est pas leur sexe ou leur richesse ou le lieu où elles vivent qui affecte leur exercice du droit à l’éducation, mais l’intersection entre le fait d’être une femme, de s’identifier comme fille ou femme, de venir d’une famille à faibles revenus et de vivre dans une zone rurale.

Les filles et les femmes peuvent être confrontées à la discrimination dans tous les domaines et à toutes les étapes de leur vie. L'élimination de la discrimination dans l'éducation est un début important, mais les femmes et les filles continueront souvent à faire l'objet de discrimination à la sortie de l'école. La discrimination, sous toutes ses formes, qu'elle soit publique ou privée, doit être abordée de manière globale et intégrée (au niveau intersectoriel et à travers diverses mesures qui tiennent compte de la manière dont la discrimination et l'inégalité se cumulent tout au long de la vie d'une femme) et à tous les niveaux afin de garantir que les femmes et les filles jouissent et bénéficient de leur éducation. Les défis communs incluent :

  • l’écart de rémunération entre les sexes - les femmes, en moyenne, gagnent moins que les hommes (59% selon le Forum économique mondial (lien en anglais))
  • une participation et représentation politique inégale (selon l’Union interparlementaire seulement 23% des parlementaires et 5.7% des dirigeants mondiaux sont des femmes)
  • la sous-représentation dans certains domaines, tels que les sciences, la technologie, l'ingénierie, les mathématiques (STEM pour son sigle en anglais), ainsi que le sport, en particulier en ce qui concerne des postes de leadership.
  • absence de modalités de travail flexibles, congé parental, et allocations de maternité
  • insuffisance d’accès aux soins de santé et lacunes dans la jouissance de la santé et des droits sexuels et reproductifs
  • exposition à la violence sexiste contre les femmes, dont les pratiques néfastes
  • travail de soin rémunéré et non rémunéré qui continue d’être enduré de manière disproportionnée par les femmes et les filles (Rapport d’ActionAid qu’une femmes travaillera en moyenne quatre années de plus que ses pairs masculins au cours de sa vie)

Les stéréotypes sexuels et les stéréotypes liés au genre renforcent ou exacerbent plusieurs des obstacles auxquels sont confrontés les femmes et les filles dans l’exercice de leur droit à l’éducation. Idéalement, les systèmes éducatifs devraient être des points centraux d’action pour combattre les stéréotypes sexuels et les stéréotypes liés au genre. Cependant, dans certains cas, le système éducatif, et particulièrement le programme éducatif, les manuels scolaires (lien en anglais), et les enseignants, contribuent à perpétuer des stéréotypes sexistes néfastes -des options de cours ou matières qu’elles suivent, qui influencent leurs perspectives d’emploi, à leur capacité à prendre des décisions éclairées concernant leur santé sexuelle et reproductive - qui ont de vastes conséquences sur les filles tout au long de leur vie.

Selon Cook et Cusack (2010, p. 9, lien en anglais) un stéréotype sexuel est une vision générale ou une idée préconçue sur les attributs et les caractéristiques qui sont ou devraient être possédés par, ou les rôles qui sont ou devraient être remplis par les femmes et les hommes. Selon un rapport du HCDH (2013, p. 18), un stéréotype sexuel est néfaste lorsqu’il limite la capacité des hommes et des femmes à développer leurs capacités personnelles, à poursuivre leur carrière professionnelle et à faire des choix concernant leur vie et leur projet de vie.

Le stéréotype lié au genre est la pratique selon laquelle on attribue à un homme ou une femme des attributs spécifiques, des caractéristiques, ou des rôles du seul fait de son appartenance au groupe social des femmes ou des hommes. Les stéréotypes liés au genre sont considérés comme abusifs lorsqu’ils aboutissent à une ou des violations des droits humains et des libertés fondamentales. 

Les stéréotypes sexuels néfastes et les stéréotypes abusifs liés au genre peuvent affecter les filles avant qu’elle n’entrent dans une salle de classe et peuvent même les empêcher d’aller à l’école. Par exemple, les points de vue stéréotypés voulant que les filles soient domestiques, ménagères et prestataires de soins peuvent amener les familles à remettre en question l’utilité d’envoyer leurs filles à l’école si elles sont censées devenir femmes et mères, alors que le stéréotype voulant que les hommes soient la source de revenu signifie que les garçons ont la priorité en ce qui concerne l’éducation. Même lorsque les filles vont à l’école, certaines doivent encore jongler avec les responsabilités domestiques comme le nettoyage, la cuisine et la corvée d’eau, en plus de leur travail scolaire.

Les stéréotypes sexuels néfastes et les stéréotypes abusifs liés au genre affectent également les filles dans l’environnement scolaire. Par exemple, les stéréotypes sur les différentes capacités cognitives et physiques des filles et des garçons, conduisent à ce que certaines matières scolaires et méthodes d’enseignement soient sexuées. On considère que les garçons sont mieux adaptés aux mathématiques, à la technologie, aux sciences et au sport, tandis que les filles sont considérées comme plus adaptées aux arts et aux sciences humaines. Ceci a pour effet d’exclure les filles et les garçons de certaines matières (parfois, particulièrement dans les écoles pratiquant la ségrégation entre les sexes, certaines matières ne sont même pas proposées aux étudiantes) mais ça a également un effet néfaste sur les futures opportunités éducatives et professionnelles des filles, dans la mesure où les filles et les garçons étudient des matières différentes à l’université, où les matières “masculines” tendent à aboutir à des carrières plus lucratives et influentes. L’inégalité entre les sexes est ensuite perpétuée par le biais de pratiques d’embauches qui défavorisent davantage les femmes. (lien en anglais)

Le droit international relatif aux droits humains impose des obligations spécifiques aux États pour éliminer les stéréotypes sexuels néfastes et les stéréotypes abusifs liés au genre. Veuillez consulter notre fiche d’information juridique sur les stéréotypes sexuels et le droit à l’éducation pour plus d’informations.

Le mariage d'enfants est un mariage formel ou une union informelle dont l'une des parties ou les deux sont âgées de moins de 18 ans. Selon l'association Girls Not Brides, 12 millions de jeunes filles mineures sont mariées chaque année. Au niveau mondial, on estime à 640 millions le nombre de femmes en vie aujourd'hui qui ont été mariées avant l'âge de 18 ans, soit 10 % de la population mondiale. Au niveau mondial, les taux de mariage d'enfants diminuent lentement, mais les progrès ne sont pas assez rapides. Le mariage d'enfants existe partout, mais il est plus répandu en Asie du Sud (26 % des filles mariées avant 18 ans ; 6 % avant 15 ans), en Afrique subsaharienne (31 % ; 9 %) et en Amérique latine et dans les Caraïbes (21 % ; 4 %).

Terminologie

Le “mariage d’enfants”, “mariage précoce”, “mariage arrangé”, et “mariage forcé” sont des termes souvent utilisés de manière interchangeable. Cependant, chacun décrit un phénomène particulier, qui en pratique, se chevauchent souvent. Le mariage forcé est le cas où une ou les deux personnes ne consentent pas au mariage ou ne consentent pas à rester mariés, et la pression ou les mauvais traitements sont utilisés pour contraindre une ou les deux parties. Cela est différent d’un mariage arrangé, où les deux personnes ont au moins 18 ans et ont consenti à l’union. Les mariages d’enfants sont une forme de mariage forcé parce que l’enfant ne peut pas fournir un consentement total, libre et éclairé. Le mariage précoce est souvent utilisé comme synonyme de mariage d’enfants. À RTE, nous préférons utiliser le terme “mariage d’enfants” parce que “précoce” est un terme relatif, alors que le terme “enfant” fait référence, en vertu du droit international, à toute personne n’ayant pas atteint l’âge de la majorité, par exemple, l’âge auquel une personne est considérée comme adulte. Pour plus d’informations, voir les paragraphes 20-24 de la Recommandation générale commune No 31 de la CEDAW et du CDE sur les pratiques néfastes.  

 


 

Le mariage d’enfants est une pratique discriminatoire ancrée dans la notion que les femmes et les filles sont inférieures aux hommes et devraient se conformer aux stéréotypes sexuels qui valorisent les femmes comme mères, prestataires de soins, propriété des hommes, objets sexuels, vulnérables et ayant besoin de protection, et non comme détentrices de droits. Une myriade de facteurs contribue également à perpétuer le mariage d’enfants, notamment: les inégalités liées au genre, la pauvreté, les lacunes et l’absence de mise en œuvre des lois, le manque d’éducation, la pression des pairs et les conflits et les situations d’urgence. Voir la page de CARE sur les causes du mariage d’enfants (en anglais) pour plus d’informations.

Le mariage d’enfants viole de multiples droits humains, notamment le droit à l’éducation, ce qui en fait une pratique particulièrement volontairement nuisible. Les enfants qui se marient ont plus de chances d’abandonner l’école et les enfants qui ne sont pas scolarisés sont plus susceptibles de se marier. Les statistiques de la Banque mondiale et du centre international de recherche sur les femmes (lien en anglais) révèlent que 10 à 30% des parents, selon les pays, ont déclaré que leur enfant avait abandonné l’école secondaire en raison de mariage d’enfants et / ou de grossesse. Leur recherche indique également que pour chaque année où une fille se marie avant 18 ans, sa probabilité de terminer les études secondaires diminue de 0,22 années en moyenne. En Amérique latine et en Asie, les filles qui se marient avant l’âge de 12 ans ont une probabilité réduite de 21% de terminer leurs études secondaires.

Bien que le droit international le permette, les mariages qui ont lieu après l’âge de 18 ans peuvent aussi avoir un impact sur l’éducation des filles, particulièrement leur capacité à accéder à l’enseignement supérieur ou d’autres formes d’enseignement tertiaire.

La grossesse précoce et non désirée est liée au mariage d’enfants. Le rapport de Filles, pas épouses indique que 90% des naissances chez les adolescents dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire concernent les filles mariées. La grossesse et la maternité ont souvent de profonds impacts sur l’éducation des filles. Il est souvent interdit aux filles enceintes de se rendre à l’école et aux examens, et les mères n’ont souvent pas accès aux programmes de transition qui permettent aux filles de rattraper leur retard dans l’éducation afin de réintégrer l’enseignement ordinaire. En outre, le manque de services de garde gratuits pour la petite enfance et les croyances largement répandues que l’éducation des enfants est la responsabilité première de la mère, signifie que les femmes et les filles ne réintègrent souvent pas l’enseignement.

La grossesse et la maternité peuvent également survenir indépendamment du mariage d’enfants, en raison du viol, ce qui est particulièrement fréquent pendant les conflits et autres situations d’urgence (voir le cas de la Sierra Leone (lien en anglais) qui a assisté à une augmentation des grossesses chez les adolescentes pendant la crise Ebola en raison de la fermeture des écoles). La grossesse et la maternité chez les adolescentes est également la conséquence du manque d’informations relatives à la santé sexuelle et reproductive et d’un manque d’accès à la contraception (contrôle des naissances).

Que dit alors le droit international sur le mariage d’enfants et quelles obligations les États ont-ils à garantir le droit à l’éducation des filles mariées et / ou enceintes?

Le Comité des droits de l’enfant et le Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ont déclaré, dans une Recommandation commune, que l’âge minimum de mariage devrait être de 18 ans à la fois pour les hommes et les femmes. Cependant, les Comités considèrent qu’il faut trouver un équilibre entre le fait de reconnaître que le mariage d’enfants est une pratique néfaste et discriminatoire et le fait de respecter que dans des cas exceptionnels, certains enfants peuvent être suffisamment mûres et capables de prendre des décisions éclairées les concernant en lien avec le mariage, à condition que l’enfant en question ait au moins 16 ans et que de telles décisions soient évaluées par un juge “pour des motifs légitimes exceptionnels définis par la loi et sur la base de preuves de la maturité de l’intéressé et non par soumission aux cultures et traditions”. (paragraphe 20).

Cependant, cette exception limitée n’affaiblit d’aucune manière les obligations des États d’éliminer le mariage d’enfants et les grossesses précoces ou involontaires, et de protéger les droits des enfants mariés et mères, y compris le droit à l’éducation.

Afin d'éviter les mariages d'enfants, les États doivent établir et faire respecter un âge minimum de 18 ans. Souvent, l'âge légal minimum du mariage est fixé, mais la loi est incohérente (voir le cas de la Tanzanie, par exemple). Le droit coutumier -comme la charia ou la loi tribale- est appliqué, ou encore la loi permet aux filles de se marier dans certaines situations, par exemple, si elles sont enceintes ou ont une autorisation parentale. En vertu du droit international, des exceptions comme celles-ci sont interdites.

En Afrique, la législation régionale relative aux droits humains est forte et exige que les États adoptent une législation fixant l'âge minimum du mariage à 18 ans sans exception (Article 6 (b), Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique  [2003]; Article 21 (2), Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant [1990].

Pour plus d’informations sur l’interprétation de ces articles, veuillez consulter l’Observation générale conjointe de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) et du Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (CAEDBE) sur l’éradication du mariage des enfants.

La carte ci-dessous montre que très peu d'États ont fixé l'âge minimum du mariage à 18 ans. Cela est particulièrement vrai pour les Amériques, l'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud-Est, qui sont toutes des régions où le taux de prévalence du mariage d’enfants est élevé. Il convient également de souligner que le mariage d’enfants est autorisé par la loi dans un certain nombre de pays du Nord, notamment les États-Unis (lien en anglais).

En vertu du droit international, les États ne sont pas autorisés à refuser l'accès à l'école en expulsant les filles pour cause de mariage, de grossesse ou d'accouchement, car cela constituerait une discrimination. Cela comprend une interdiction des tests de grossesse obligatoires, documentés dans divers États africains, notamment: la Tanzanie, le Ghana, le Kenya, le Nigéria, la Sierra Leone, l'Ouganda et le Zimbabwe.

En outre, pour remédier aux impacts négatifs qu’ont le mariage d’enfants et les grossesses précoces sur le droit à l'éducation, par exemple, si une fille rate son éducation primaire, les États doivent fournir une éducation de base, pour remplacer l'éducation primaire ratée pour les filles qui se sont mariées ou qui sont tombées enceintes à l’âge de l’enseignement primaire (article 13 (d) du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels). Cependant, la plupart des mariages d'enfants et des grossesses précoces surviennent au cours de l'enseignement secondaire. La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979, CEDAW) adapte la disposition relative à l'éducation de base pour y inclure des obligations de s’efforcer de garder les filles à l'école et d'organiser des “des programmes pour les filles et les femmes qui ont quitté l’école prématurément” (article 10 (f)). Les programmes qui permettent aux filles de réintégrer l'éducation sont connus sous le nom de «programmes de rattrapage». Des exemples performants de programmes de rattrapage comprennent la Zambie et l'Ouganda.

Compte tenu de la prévalence du mariage et de la grossesse d'enfants dans les pays africains, les lois africaines relatives aux droits humains prévoient également des programmes d'éducation de base et de réinsertion, mais les protections ne sont pas uniformes.

La Charte africaine de la jeunesse (2006) oblige les Etats à : "Veiller, lorsque nécessaire, à ce que les filles et les jeunes femmes qui tombent enceintes ou se marient avant l’achèvement de leurs études puissent avoir l’opportunité de continuer leur formation” (Article 13 (4) (h)) .

L’article 12 (2) (c) du Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique est moins spécifique et exhorte les États à “promouvoir l’inscription et le maintien des filles à l’école et dans d’autres centres de formation et d’organisation de programmes en faveur des filles qui quittent l’école prématurément”.

L’article 11 (6), de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant demande aux États de prendre “ toutes les mesures appropriées pour veiller à ce que les filles qui deviennent enceintes avant d'avoir achevé leur éducation aient la possibilité de la poursuivre compte tenu de leurs aptitudes individuelles.” Bien que cette disposition semble prévoir des programmes de rattrapage, la mise en garde que de telles opportunités sont basées sur la “capacité individuelle” est en deçà des normes internationales.  

Le droit international cherche également à habiliter les filles à prendre des décisions les concernant relatives aux grossesses non désirées et exige qu’une éducation sexuelle, en matière de santé reproductive et en matière de procréation responsable soient donnés aux garçons et aux filles. Voir, par exemple, l'article 10 (h), de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et l'article 13 (4) (n) de la Charte africaine de la jeunesse. Voici une vidéo expliquant l'importance de l'éducation sexuelle complète.

Enfin, le droit international exhorte les États à démanteler les conditions sociales, économiques, culturelles et politiques qui facilitent le caractère général de cette pratique. Une approche globale est nécessaire pour éliminer le mariage et la grossesse des enfants parce que ses causes sont variées et profondément enracinées. Cependant, les preuves suggèrent que toute approche doit inclure des efforts pour garantir que les filles jouissent et puissent exercer leur droit à l'éducation. Filles, pas épouses affirme que les filles ayant un niveau d'éducation secondaire ont six fois moins de chances de se marier qu'une fille peu ou pas scolarisée.

Pour plus d’informations sur la prévention de la grossesse précoce et non désirée et du mariage d’enfants par le biais de l’éducation, veuillez consulter le document de l’Unesco Grossesses précoces et non désirées : Recommandations à l’usage du secteur de l’éducation (2017).

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (le Comité) définit la violence à l'égard des femmes fondée sur le sexe (VFG) comme « la violence dirigée contre les femmes parce qu'elles sont des femmes ou qui touche les femmes de manière disproportionnée » (Recommandation générale 19, paragraphe 6). Cette violence prend de nombreuses formes, notamment « des actes ou omissions visant à causer ou susceptibles de causer la mort ou un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles, psychologiques ou économiques aux femmes, la menace de tels actes, le harcèlement, la coercition et la privation arbitraire de liberté » (Recommandation générale 35, paragraphe 14). Le Comité reconnaît la violence liée au sexe comme une forme de discrimination en vertu de l'article 1 de la Conventionsur l'élimination de toutes les formes dediscrimination à l'égard des femmes (CEDAW, 1979), établissant un cadre juridique qui considère la violence liée au sexe comme une violation des droits de l'homme, principalement formulée dans les recommandations générales 19 et 35.

L'impact de la violence liée au sexe est particulièrement prononcé chez les filles, qui sont confrontées à de nombreux obstacles à l'éducation. Des formes de violence telles que les abus domestiques, la violence sexuelle, le harcèlement, les mutilations génitales féminines, le mariage d'enfants, le fémicide et la traite des êtres humains entravent considérablement leur capacité à poursuivre et à achever leur parcours éducatif (Plan International). Cette violence peut se produire dans des contextes privés et publics, y compris dans les écoles. Lorsqu'elle se manifeste dans des environnements éducatifs, on parle de « violence sexiste liée à l'école » (SRGBV). L'UNESCO définit la VSBG comme « des actes ou des menaces de violence sexuelle, physique ou psychologique se produisant à l'intérieur et autour des écoles, motivés par des normes de genre et renforcés par une dynamique de pouvoir inégale » (UNESCO 2023, Violence sexiste liée à l'école).

La VSBG porte atteinte au droit des enfants et des jeunes à une éducation sûre, inclusive et de qualité, ce qui entraîne souvent l'abandon scolaire. Les filles sont touchées de manière disproportionnée et sont confrontées à la violence de leurs pairs et des adultes. Il est alarmant de constater qu'une jeune femme sur quatre subit des violences avant l'âge de 24 ans, et qu'environ 60 millions de filles sont victimes d'agressions sexuelles sur le chemin de l'école chaque année. Ces incidents peuvent conduire à des grossesses non désirées, mettant en péril leur santé et enfermant les familles dans des cycles de pauvreté.

En outre, la violence sexuelle et sexiste peut se produire non seulement dans l'enceinte de l'école et pendant les trajets domicile-travail, mais aussi, de plus en plus, en ligne, sur des plateformes numériques. La cyberintimidation liée au genre consiste notamment à recevoir des images inappropriées ou à être contraint de partager des contenus à caractère sexuel. Les attaques contre les filles qui cherchent à s'instruire découlent souvent de craintes concernant le potentiel de l'éducation à entraîner des changements sociaux, culturels, économiques et politiques (HCDH, 2015, p. 4). Des cas très médiatisés, tels que l'enlèvement de près de 300 écolières par Boko Haram au Nigéria en avril 2014 etla fusillade de la militante de l'éducation Malala Yousafzai par les talibans au Pakistan en 2012, mettent en évidence les graves conséquences de cette violence. Plus récemment, il y a eu plusieurs cas de risque pour les écolières iraniennes d'empoisonnement bénin et d'attaques des talibans contre l'éducation des filles.

Lesgroupes armés non étatiques prennent souvent pour cible les étudiantes et les enseignantes en raison de leur opposition idéologique ou religieuse à l'éducation des filles. Ces groupes mettent en garde contre la fréquentation de l'école et font pression sur les parents et les éducateurs pour qu'ils ferment les écoles de filles, en imposant souvent des restrictions vestimentaires et de mouvement. Par exemple, au Yémen, la fin de l'année 2017 a vu des rapports de menaces sur les médias sociaux, y compris des menaces de bombes contre les écoles si les filles continuaient à y aller. De même, au Pakistan, de violentes attaques contre des écoles de filles et des informations faisant état de violences sexuelles sur les trajets scolaires ont contribué à accroître les craintes des parents, les conduisant à hésiter à envoyer leurs filles à l'école.

Le droit international des droits de l'homme interdit explicitement la violence liée au sexe dans tous les contextes, y compris dans les établissements d'enseignement. Cette interdiction s'applique à la fois aux acteurs étatiques, tels que les autorités publiques, et aux acteurs non étatiques, y compris les membres de la famille et les éducateurs. En vertu de ce cadre juridique, les États ont des responsabilités spécifiques en matière de lutte contre la violence liée au sexe, comme le soulignent les paragraphes 21 à 6 de la recommandation générale 35 du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW). Cette approche montre la nécessité d'efforts concertés pour protéger les droits des filles et des femmes et pour garantir leur accès à une éducation sûre et équitable.

Voir notre fiche juridique pour les dispositions spécifiques du droit international et régional relatives à la violence fondée sur le genre à l'encontre des femmes.

Pour plus d'informations, voir Unesco et ONU Femmes (2016) Global guidance on school-related gender-based violence. Voir également le blog du Rapport mondial de suivi sur l'éducation Les enseignants sont au cœur de toute réponse efficace à la violence sexiste liée à l'école (partie 1 et partie 2).

Un mauvais environnement scolaire peut dissuader les filles de se rendre à l’école et également avoir un impact négatif sur la qualité de l’éducation des filles. L’environnement scolaire fait référence non seulement à l’infrastructure physique des locaux scolaires mais aussi à l’environnement d’apprentissage plus général.

Selon le droit international en matière de droits humains, l’environnement scolaire ne doit pas porter atteinte au droit à l’éducation et il doit aussi contribuer aux objectifs de l’éducation et au droit à une éducation de qualité en créant un environnement inclusif et de qualité (voir les paragraphes 10, 19, et 22 de l’Observation générale 1 du Comité des droits de l’enfant).

Les obstacles courants concernant l'environnement d'apprentissage comprennent :

L'un des obstacles les plus importants à un environnement d'apprentissage inclusif et de qualité est peut-être le manque d'enseignantes, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire, ce qui est en soi une manifestation du manque d'accès historique à l'éducation et des stéréotypes sexuels néfastes relatifs au rôle des femmes. Un dossier de l’Unesco souligne (2008, p.2) que l'augmentation du nombre d'enseignantes a un impact positif sur l'éducation des filles, car :

  • dans certaines communautés conservatrices, les parents ne permettent pas à leurs filles d'être enseignées par un professeur de sexe masculin
  • la présence des femmes dans les écoles peut avoir un impact positif sur le maintien des filles à l'école et sur leur réussite
  • Au niveau de la politique scolaire, les enseignantes peuvent être les défenseuses des filles, en représentant leurs points de vue et leurs besoins, et en faisant la promotion d’un apprentissage plus adapté aux filles.
  • les enseignantes donnent des modèles nouveaux et différents aux filles, détruisant alors les stéréotypes sexuels néfastes

En ce qui concerne le cadre scolaire, des infrastructures inadaptées et insalubres, en particulier le manque de toilettes, de toilettes séparées par sexe, de vestiaires et d'accès à l'eau potable peuvent dissuader les filles d’aller à l'école. Le manque de toilettes et, en particulier, de toilettes séparées par sexe affecte à la fois les filles et les garçons, mais étant donné les besoins spécifiques des filles, l'impact est disproportionné pour les filles.

Les filles ont besoin de toilettes à des fins d'hygiène menstruelle, ce qui inclut l'accès aux produits sanitaires, sans quoi les filles manquent souvent l'école à cause des stigmates sociaux liés à la menstruation, et sont incapables de se concentrer pendant les cours, entre autres raisons. Par exemple, le Guardian signale que les filles de familles à faible revenu au Royaume-Uni manquent souvent l’école parce qu’elles ne peuvent pas s’acheter de produits sanitaires et n’en demandent pas en raison de la stigmatisation sociale liée aux menstruations (lien en anglais).

Dans les locaux scolaires, les toilettes, en particulier les toilettes non séparées par sexe, ont tendance à être celles où les filles sont les plus vulnérables à la violence de genre en milieu scolaire parce qu'elles sont souvent laissées sans surveillance.

La pauvreté est le plus grand facteur déterminant l’accès à l’éducation d’une fille. Selon le Rapport mondial de suivi sur l’éducation, dans toutes les régions, à l'exception de l'Afrique subsaharienne, les enfants issus de familles riches, garçons ou filles, fréquenteront probablement tous les niveaux de l'éducation de base. Cependant, les filles issues de familles pauvres d'Afrique subsaharienne, d'Afrique du Nord et d'Asie occidentale et d'Asie du Sud seront moins susceptibles que leurs homologues masculins de fréquenter l'école et ce manque de participation augmente au niveau de l'enseignement supérieur (2016, p.10)

Un certain nombre de facteurs contribuent à ce que les filles issues de familles pauvres ne puissent pas aller à l'école, le plus important étant le manque d’enseignement gratuit, en particulier pendant les années formatrices. Cela peut être dû au fait que les gouvernements ne disposent pas de cadres juridiques et politiques pour faire de l'éducation gratuite une réalité ou ils en ont mais ceux-ci ne sont pas mis en oeuvre efficacement, ou ne pas financés de manière adéquate, ou encore il peut y avoir une corruption détournant les ressources de l’usage auquel elles étaient destinées.

Le manque d'éducation gratuite entraîne une charge financière supplémentaire pour les familles, qui peut prendre la forme de frais de scolarité (ou d'autres frais directs) ou de frais indirects tels que les uniformes scolaires, les frais d'examen, la sécurité, le transport scolaire, etc. De tels frais sont un obstacle direct à la fréquentation scolaire de nombreuses filles, soit parce que les familles ne peuvent pas assumer ces coûts, soit parce que les coûts peuvent forcer les familles à choisir lequel de leurs enfants envoyer à l'école. Dans de tels cas, ce sont généralement les garçons qui sont favorisés en raison de la faible valeur sociale et économique accordée à l'éducation des filles. Pour atténuer cela, le droit international en matière de droits humains exige que les États garantissent un enseignement primaire gratuit et obligatoire, une éducation progressivement gratuite à tous les autres niveaux et des mesures ciblées pour les groupes présentant un risque de décrochage scolaire (par exemple, le transport scolaire pour les enfants vivant dans des zones rurales). Cependant, le droit en matière de droits humains néglige l'importance des soins et de l’éducation de la petite enfance (SEPE) / éducation préscolaire, gratuits et accessibles. Les SEPE ont des impacts positifs sur le développement de l'enfant et les interventions ciblées de SEPE «peuvent compenser la vulnérabilité et le désavantage, quels que soient les facteurs sous-jacents tels que la pauvreté, le genre, ...» (EFA Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous 2007: Un bon départ, p. 113).

Pour plus d’informations sur les obligations des États en matière de droits humains, veuillez consulter notre page sur la gratuité de l’éducation.

Le manque d'éducation gratuite est étroitement lié aux priorités gouvernementales reflétées dans la politique budgétaire. Apparemment, en raison de la crise financière de 2008, les gouvernements ont tendance à réduire leurs dépenses relatives aux services publics, y compris l'éducation, en diminuant le montant qu'ils perçoivent grâce aux impôts. De telles mesures d'austérité ont eu un impact disproportionné sur les femmes et les filles, d'autant plus que ce sont les personnes les plus en marge de la société qui ont tendance à bénéficier des services publics.

L'une des conséquences de l'austérité et de l'incapacité des États à élaborer, mettre en œuvre, financer et imposer des cadres juridiques et politiques concernant la gratuité de l'éducation selon leurs obligations en matière de droits humains est la croissance des prestataires privés d'éducation. Ceci se produit principalement dans les pays à faible et moyen revenu mais le phénomène est de plus en plus observé dans les pays à revenu élevé (voir par exemple le Royaume-Uni, les États-Unis, et la Suède).

La privatisation de l’éducation pose plusieurs problèmes en matière de droits humains qui peuvent avoir des impacts négatifs sur l’éducation des filles, par exemple: elle peut encourager le désinvestissement dans l'éducation publique, éroder progressivement le système éducatif public et sa capacité à atteindre les plus marginalisés, particulièrement les filles handicapées, et les prestataires privés peuvent indirectement discriminer les filles en prélevant des frais qui ont un impact négatif disproportionné sur la participation des filles à l’éducation, en raison de la préférence donnée par les parents à l’éducation des garçons.

Le droit international en matière de droits humains impose aux États des obligations de veiller à ce que les prestataires privés ne portent pas atteinte au droit à l’éducation. Veuillez consulter notre page sur la privatisation de l’éducation pour plus d'informations.

Enfin, l'action mondiale pour lutter contre la pauvreté par le biais du développement durable s’est également concentrée sur l'inégalité entre les sexes et l'éducation. La communauté internationale, par le biais du Programme de développement durable à l’horizon 2030 a reconnu l'importance d'une éducation inclusive et de qualité (objectif 4 du développement durable) et de l'égalité des sexes ainsi que l'autonomisation des femmes (objectif 5 du développement durable) pour atteindre un développement durable et a adopté divers objectifs, cibles et indicateurs qui sont en grande partie alignés sur le droit en matière de droits humains. Veuillez consulter notre page Education 2030 pour plus d'informations. Voir également notre contribution au Rapport mondial de suivi sur l'éducation 2017-8 Évaluation sensible au genre (à paraître).

International

      Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979, article 10; Recommandations générales 19, 25, 28, 35, et 36)

      Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966, articles 2 et 13; Observations générales 13 et 16)

      Convention relative aux droits de l’enfant (1989, articles 2, 28 et 29; Observation générale 1)

      Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1966, articles 2, 3, 24, 25 et 26; Observation générale 28)

      Convention de l’UNESCO concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l’enseignement (1960, articles 1-4)

Afrique

      Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples (1981, articles 2 et 17)

      Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (1990, article 11)

      Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique (2003, Article 12)

      Charte africaine de la jeunesse (2006, Article 13)

Europe

      Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales (1948); Protocole facultatif 1 (1952) et Protocole facultatif 12 (2000) (article 14 de la Convention, Article 2 du premier protocole et article 1 du douzième protocole)

      Charte sociale européenne (révisée) (1996, articles E, 7, 10 et 17)

      Recommandation relative à l’approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’éducation (2007)

      Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (2000, articles 14 et 23)

Inter-Amerique

      Protocole additionnel à la Convention américaine relative aux droits de l’Homme, protocole de San Salvador (1998, articles 13 et 16)

      Charte démocratique interaméricaine (2001, article 16)

Arabe

      Charte arabe des droits de l’homme (2004, article 41)

Pour plus d’informations, veuillez consulter Instruments internationaux - droit des femmes et des filles à l’éducation