Katherine Rose
12 Janvier 2016

En 1973, la Cour suprême des États-Unis a déclaré qu'un système de financement des écoles publiques basé principalement sur les revenus liés aux impôts fonciers locaux ne viole pas la clause de protection égale contenue dans le quatorzième amendement et ne viole pas non plus le droit à l'éducation parce que, même si l'éducation est un "service important" il ne s'agit pas là d'un droit fondamental, tel que le reconnaît la Constitution des États-Unis. Avant et après ce précédent, chaque État (à l'exception d'Hawaii) s'est fortement appuyé sur les revenus liés aux impôts fonciers locaux pour financer des écoles publiques. Un tel système représente une discrimination socio-économique, dans la mesure où des districts scolaires plus aisés avec davantage d'entreprises et des propriétés résidentielles d'une valeur plus élevée ont pu lever davantage de fonds de sources locales que les districts plus pauvres.

Dès 2013, la plupart des districts scolaires publics maintiennent une plus grande population de noirs, de latinos, ou d'autochtones plutôt que de blancs. En d'autres mots, la majorité des écoles publiques américaines est ségréguée dans la deuxième décennie du vingt-et-unième siècle, avec des étudiants issus de groupes minoritaires constituant plus de 90 pour cent des populations de certains districts, et la large majorité de ces étudiants est désignée, selon des sources fédérales et étatiques, comme étant de "faible revenu".  Afin de mettre en lumière les liens généraux entre le financement des écoles publiques et les groupements raciaux, nous avons étudié et assemblé des tendances qui sont, selon nous, essentielles pour comprendre le lien entre l'enseignement public et l'appartenance ethnique en 2015.

La majorité des écoles à faible revenu coïncident avec les écoles majoritairement fréquentées par les minorités

Dans l'ensemble du pays, plus de deux tiers des étudiants minoritaires sont scolarisés dans des écoles où la proportion de d'étudiants de faibles-revenus est supérieure à un élève sur deux. Cela veut dire que 72 pour cent des élèves noirs, 68 pour cent des élèves hispaniques/latinos, et 65 pour cent des élèves autochtones viennent tous de foyers où les revenus sont plus de 100 pour cent plus faibles que le seuil de pauvreté. Alors que les chiffres nationaux reflètent une augmentation de la représentation des populations minoritaires dans les écoles publiques et semblent être un progrès dans la mesure où les élèves blancs ont été historiquement dominants dans la population fréquentant les écoles publiques, ils ne le sont pas – et ce particulièrement en ce qui concerne les écoles publiques urbaines, où la majorité des élèves (59.8 %) sont issus de foyers à faibles-revenus, et la très large majorité des élèves sont des minorités qui sont scolarisées dans des écoles majoritairement fréquentées par des minorités (des écoles où au moins 50 pour cent des élèves qui sont scolarisés sont issus de groupes racial ou ethnique minoritaires).

Selon des données du National Center for Education Statistics, les étudiants à faible revenu représentaient près de la moitié (48%) des élèves inscrits dans les écoles publiques au niveau national en 2011.  Mais après deux ans de taux de croissance annuel moyen de 1,5 pour cent d’élèves en dessous du seuil de pauvreté, les élèves à faible revenu représentaient plus de la moitié (51%) des élèves inscrits dans les écoles publiques au niveau national en 2013. Pour les États du sud, ces chiffres ne sont pas nouveaux. Selon les ensembles de données de la même organisation, la région a maintenu les élèves à faible revenu en tant que majorité dans son système public depuis 2007, ce qui veut dire que dans le sud, un élève d’école publique sur deux vient d’un foyer à faible revenu depuis presque une décennie. Et les élèves des écoles publiques dans le sud n’ont fait que s’appauvrir depuis 2007, dans la mesure où la majorité des élèves vivant dans des foyers à faible revenu s’est agrandie à un taux annuel moyen de 2 pour cent entre 2011 et 2013, de 53 pour cent à  57 pour cent.

La ségrégation de facto a négligé les “ghettos scolaires”

En 1968, l’année au cours de laquelle le Civil Rights Act (loi sur les droits civiques) a été signée, 76,6 pour cent d’élèves noirs et 54,8 pour cent d’élèves latinos ont été scolarisés dans des écoles publiques où la majorité des élèves scolarisés étaient issus de groupes minoritaires. Le nombre d’élèves issus de groupes minoritaires dans les écoles majoritairement constituées de minorités est resté pratiquement identique depuis 1968, avec une baisse de seulement 2,5 pour cent des élèves noirs scolarisés dans ces écoles au cours des quarante-cinq dernières années. Pendant ce temps, les élèves latinos ont été de plus en plus séparés de leurs camarades blancs non-hispaniques. 79,1 pour cent de tous les élèves latinos étaient scolarisés dans des écoles majoritairement constituées de minorités en 2010. Cela signifie qu’il y a eu une augmentation de 24,3 pour cent du niveau de ségrégation entre les blancs et les latinos depuis que la loi sur les droits civiques a été signée.  

Les niveaux de séparation raciale ou basée sur la classe sociale ont aussi augmenté. En 2015, la ségrégation se fonde plus souvent sur la classe sociale, et en 2014, les disparités entre les écoles publiques hautement et faiblement financés ont conduit la cour suprême de Caroline du Sud à dénoncer ses propres districts majoritairement constitués de minorités comme étant des “ghettos scolaires”. Pire encore: dans les écoles publiques qui ont très large majorité d’élèves issus de groupes minoritaires – des écoles où les élèves issus des groupes minoritaires correspondent à 90 pour cent ou plus de la population étudiante - le nombre d’élèves noirs ou latinos scolarisés a augmenté de 4,9 pour cent et 14,2 pour cent, respectivement, entre 1980 et 2009. En 2005, 88 pour cent des écoles qui ont une très large majorité d’élèves issus d’un groupe minoritaire étaient associées à des niveaux de pauvreté caractérisant les ghettos scolaires, ce qui n’était pas le cas des écoles à majorité blanche.

Si l’on se base sur les dernières données du National Center for Education Statistics disponibles, les revenus fiscaux relatifs à l’impôt foncier, même s’ils viennent d’une zone géographique plus petite, servent toujours de source principale de financement local, représentant plus de la moitié des 44 pour cent alloués à l’enseignement public. Le reste du financement est fourni par des sources étatiques (45%) et fédérales (11%). Mais vingt-trois États sur cinquante– c’est à dire 46 pour cent des systèmes scolaires publics des États-Unis - sont encore majoritairement financés par les impôts fonciers locaux. La variabilité entre les valeurs de la propriété locale rend compte majoritairement de ces districts scolaires publics très différents, dont les distributions de richesse sont directement liées aux différences de race et de classe.

Utiliser de larges parts des revenus fiscaux des impôts fonciers locaux a une incidence sur le fait que les écoles publiques ne puissent pas dépenser la même chose par élève. Dans la mesure où il existe de nombreuses écoles publiques dont le financement se base sur la richesse foncière par quartier, ces quartiers bénéficiant d'une richesse foncière de haut niveau peuvent dépenser des dizaines de milliers en plus pour les élèves que les districts avec une richesse foncière basse. Depuis 1968, l'essor de la population blanche se déplaçant de l'espace urbain à l'espace suburbain, les écoles privées, et un nombre réduit de districts scolaires publics aisés à majorité blanche ont contribué en grande partie à la fondation de ce système scolaire d’inégalités patrimoniales. En d'autres termes, la résurgence de la ségrégation fondée sur la classe sociale a conduit au problème actuel de financement inégal et la ségrégation de facto entre et au sein des districts scolaires d'aujourd'hui.

Moins d'argent, davantage de problèmes

Un financement inéquitable des écoles publiques affecte aussi la qualité de l'enseignement dont bénéficient les étudiants issus de groupes minoritaires. Selon des données de la Civil Rights Data Collection de 2014, les étudiants noirs sont plus de trois fois susceptibles d'être suspendus/mis en retenue que leurs camarades blancs. Même dans des écoles plus aisées où il y a une majorité d'élèves blancs, les élèves noirs et latinos sont confrontés à des punitions plus marquées que leurs camarades blancs. Les élèves noirs ou latinos ont tendance à recevoir des punitions plus sévères pour des délits moins graves et plus subjectifs, tels que le “défi” ou “l’insoumission”,  qui sont plus susceptibles d’être mal interprétés, qui se sont avérés plus susceptibles d’être influencées par des préjugés raciaux, et passent souvent inaperçues auprès des enseignants moins qualifiés et des administrateurs. Selon plusieurs études, les enseignants moins qualifiés travaillant dans des districts très défavorisés sont plus susceptibles d’être embauchés dans des écoles publiques dont la majorité des élèves sont issus de groupes minoritaires que des professeurs qualifiés dans des districts plus riches. Les enseignants moins qualifiés ont aussi tendance à être moins bien rémunérés et moins équipés pour gérer des situations où la discipline est de rigueur, ce qui veut dire les actions disciplinaires des écoles dont la majorité des élèves sont issus de groupes minoritaires tombent souvent aux mains des autorités locales chargées de faire appliquer la loi.  

Dans la mesure où elle doivent recourir à des enseignants sous-qualifiés et sous-payés, les écoles qui ont une majorité de jeunes noirs et latinos issus de foyers à faibles revenus sont forcées de recourir de manière disproportionnée à l’utilisation intensive de suspensions, d’expulsions, et des forces de l’ordre. En grande partie à cause de la menace des fusillades dans les écoles, le pourcentage d’élèves de tous les groupes ethniques signalant la présence de personnel responsable de l’application des lois dans leurs écoles a augmenté. Cependant, dans plusieurs districts scolaires urbains tels que ceux de New York City ou Chicago, les administrateurs scolaires ont donné à la police locale la responsabilité de la sécurité et de l’application de mesures disciplinaires, alourdissant les budgets scolaires, par des School Resource Officers (RSOs), dont la présence sur les campus scolaires révèle être la cause de davantage d’emprisonnements des élèves, ce qui est connu sous le nom d’accès de l’école à la prison (school to prison pipeline).

De telles mesures ont conduit les écoles dont les élèves scolarisés sont pour la très grosse majorité issus de groupes minoritaires à ressembler à des prisons non seulement dans la façon de prendre des mesures pénales sévères, mais aussi au niveau démographique. Selon un rapport de 2012 de la Civil Rights Data Collection, les élèves afro-américains représentaient seulement 18 pour cent du nombre total d’étudiants entre août 2009 et juin 2010, mais ont été victimes des mesures de discipline les plus sévères au cours de cette année là. Les étudiants noirs ont subi 46 pour cent de l’ensemble des suspensions hors de l’école et 39 pour cent de l’ensemble des expulsions. Si nous comparons ces pourcentages avec le taux plus faible de 29 pour cent de l’ensemble des multiples suspensions hors de l’école et de 33 pour cent des expulsions vécues par les étudiants blancs qui représentent plus de la moitié de l’ensemble de la population étudiante (51%), nous pouvons clairement observer des disparités disciplinaires importantes. Au cours de l'année scolaire 2009-2010, les étudiants minoritaires représentaient moins de la moitié de la population étudiante américaine (49%), mais représentaient plus de 70% des arrestations scolaires ou des recommandations au respect de la loi. Cela signifie que plus de deux étudiants sur trois (et près de trois sur quatre) qui ont reçu les mesures disciplinaires les plus sévères - c'est-à-dire l'invocation d'institutions pénales étatiques ou fédérales - étaient des Noirs, des Latino-Américains ou des Amérindiens.

Tous les signes incitent à la réforme

Toutes les sources citées ci-dessus ont attiré l'attention sur le fait que les disparités dans le financement des écoles publiques s'élargissent sur la base de la valeur foncière locale, de l'appartenance ethnique, et de la classe sociale. La plupart ont aussi offert des solutions qui permettraient de fournir davantage d'égalité dans le domaine des opportunités éducatives. Ces solutions incluent:  la promulgation de lois qui permettraient la redistribution de richesses étatique et fédérale aux districts dont la valeur foncière est basse; augmentant alors le salaire des professeurs et les normes de qualification pour les districts à faibles revenus; et permettant la création de classes avec des effectifs moins élevés ainsi que davantage de postes dans le domaine des services sociaux (par exemple, des conseillers et des infirmiers) pour les écoles majoritairement constituées de minorités.  Certains progrès ont déjà été réalisés en ce qui concerne le premier de ces différents niveaux. Selon un rapport commun émanant du Leadership Conference Fund et du Education Law Center, quatorze États sont actuellement en train de se défendre dans des affaires relatives à l'égalité éducative, ce qui signifie que les parents des zones locales se prononcent contre le financement inégal des districts à faible revenu. Mais nous avons encore une longue route à parcourir.

Plus d'un État sur quatre avec des litiges en cours pour une égalité dans le domaine de l'éducation maintiennent des dépenses par étudiant au-dessus de la moyenne. Dans le même temps, deux États sur trois qui n'ont jamais enregistré de litige pour une égalité dans le domaine de l'éducation maintiennent des dépenses par étudiant en dessous de la moyenne. Parmi les dix-huit États qui maintiennent des dépenses par élève au-dessus de la moyenne, 8 sur 9 ont eu des cas de litige depuis 1973. Parmi les trente-trois États qui maintiennent des dépenses par élève en dessous de la moyenne, 8 sur 9 ont aussi enregistré des litiges depuis 1973, mais plus d'un sur deux vient de la région du Sud ou Sud-Ouest des États-Unis, qui contiennent chacun respectivement le nombre le plus élevé de populations noires et latinos. Ces populations sont aussi issues de foyers avec le salaire moyen par foyer le plus bas, quatre fois plus bas que celui des blancs, même lorsque l'on combine les revenus moyens par foyer des noirs et des latinos pour une comparaison plus proche. En d'autres mots, même si le litige est associé à une augmentation des dépenses par étudiant, il y a davantage d'efforts à fournir pour uniformiser les dépenses pour les élèves, particulièrement dans les États où un nombre élevé de populations minoritaires est scolarisé dans les écoles les plus défavorisées de la nation.

Au cours des quarante dernières années, les données d'une multitude de sources différentes (fédérales et étatiques) ont indiqué que des progrès sont effectués dans le domaine des résultats des élèves, le taux de fréquentation scolaire, les données démographiques, et le taux de réussite. Le taux des diplômés du lycée ont atteint plus de 80 pour cent dans l'ensemble du pays. Les écoles en 2012 ont dépensé $1,060 en plus par élève par rapport à 2001, une augmentation du taux de plus de $88 par an. Ces chiffres sont louables. Mais avant que le système de financement des écoles publiques ne soit équilibré à l'aide de financements équitables des écoles publiques à faible revenu et constituées majoritairement de minorités, le droit à l'éducation ne sera jamais garanti.

Katherine Rose est un auteur pour Top Masters in Education.

Keywords: 

Commentaires

I wholeheartedly agree with what you’re saying. Education is the main pathway to being successful in today’s world. But not everyone gets equal opportunity at education. Minorities for example suffer the most, they suffer because of where they live, family situations, access to technology, teachers and so on. Other than minorities, people who live in rural areas also don’t get a fair shot at education. They don’t get a fair shot at education because schools in rural areas don’t have curriculums on par with urban schools, and good teachers are not willing to go to rural areas. They are not willing because rural area schools are isolated and some reports also state that finding good healthcare in rural areas is nearly impossible. Another reason that urban schools have an advantage over rural schools is that urban schools usually have the newest technologies that make it easier for kids to learn.

To read my essay on better education for all go to: http://darshanpatel1.wixsite.com/improveeducation/better-education-for-all

Ajouter un commentaire

(If you're a human, don't change the following field)
Your first name.
(If you're a human, don't change the following field)
Your first name.
(If you're a human, don't change the following field)
Your first name.