tprte.jpg

© ActionAid Pakistan
Maria Ron-Balsera - @RTEInitiative
17 Février 2016

“Impôts, Privatisation & Éducation: Influencer la politique de financement de l’éducation” est un projet impliquant plusieurs pays qui a pour objectif d’assurer que tous les enfants aient un meilleur accès à l’éducation publique de haut niveau financée par un soutien accru des gouvernements et des augmentations des recettes fiscales équitables. Veuillez voir mon article de blog précédent pour plus de détails sur le projet.

Afin d’atteindre cet objectif, les quatre pays (Kenya, Pakistan, Ghana et Ouganda) ont accepté de recueillir des preuves au niveau local sur la situation relative au financement des écoles publiques, le coût de l’éducation par foyer et l’impact que cela a sur le droit à l’éducation. Ils ont aussi accepté d’analyser les lois et politiques relatives au financement de l’éducation et le rôle des prestataires privés, et y compris de recueillir des preuves au niveau national afin d’explorer les ressources qui pourraient être disponibles pour les dépenses relatives à l’éducation si la partie du budget alloué à l’éducation augmentait, et particulièrement, si la taille du budget pouvait être augmentée par la réduction des avantages fiscaux accordée aux sociétés multinationales. Le plaidoyer national et international sera fondé sur ces preuves.

Mais faire de la recherche et recueillir des preuves n’est pas suffisant, il est peu probable que les gouvernements effectuent des changements importants à moins qu’il y ait une demande publique, et c’est pour cela que ce projet a également pour objectif de construire un mouvement qui exige le droit à une éducation gratuite et de bonne qualité dans des écoles publiques accessibles à tous les enfants. Pour que ces quatre pays construisent ce mouvement à partir des preuves recueillies au niveau national et local, il leur faut:

  • développer la sensibilisation des membres de la communauté en ce qui concerne leur droit à une éducation gratuite et de bonne qualité, et insister sur le rôle de l’impôt progressif dans la production des ressources qui permettraient de la financer.
  • Renforcer la capacité des communautés, pour qu’elles puissent réclamer une responsabilisation dans la prestation d’une éducation gratuite et de bonne qualité.
  • Construire une forte et vaste demande en matière de justice fiscale, ce qui inclut de réserver des fonds pour une éducation publique gratuite et de bonne qualité.
  • Militer pour la création et la mise en oeuvre de législations et politiques pour améliorer l’éducation publique et réglementer les écoles privées.

Au cours des réunions organisées localement pour former les collecteurs de données et sensibiliser à l’importance du droit à l’éducation, de nombreux témoignages ont été partagés avec les animateurs communautaires.  Vous trouverez ci-dessous deux de ces témoignages qui montrent le désespoir de plusieurs parents qui perdent confiance en l'éducation publique et sont séduits par la promesse d'une éducation de meilleure qualité dans les écoles privées. Les États manquent à leurs obligations de sérieusement garantir le droit à l'éducation et cela amène les parents à faire d'énormes sacrifices pour éviter l'éducation de mauvaise qualité dispensée par des écoles publiques chroniquement sous-financées. Ce sous-financement est l'enjeu que notre projet cherche à résoudre. Aucun parent ne devrait souffrir financièrement pour que ses enfants jouissent de leur droit à l'éducation.

Robert est père d’élève dans un village dans le district de l'Est de Kuria, au Kenya. Ses enfants sont actuellement scolarisés dans une école privée locale. 

“Mes enfants n'avaient pas de bons résultats dans l'école publique locale parce que les enseignants avaient beaucoup d'autres enfants à qui enseigner et ne pouvaient donc pas accorder à chaque enfant l'attention nécessaire. L'école percevait un petit impôt. Par exemple, comme il y avait un déficit au sein du personnel enseignant, on nous a demandé de couvrir les coûts des enseignants locaux additionnels. J'ai senti que pour que mes enfants puissent échapper à cette vie dure que j'avais, je devais travailler dur et leur payer des écoles privées où les enseignants pourraient leur accorder une attention particulière, pour qu'ils puissent finir par réussir leurs examens et rentrer à l'université, et puissent avoir une meilleure vie," nous a expliqué Robert.

Actuellement, Robert paye 15 000 ksh (£102) de droits d'inscription chaque année pour que ses enfants puissent poursuivre leur scolarité dans des écoles privées. Il pense qu’il faut davantage de financements pour améliorer les infrastructures et les conditions de travail des enseignants afin que les parents reprennent confiance en la qualité de l'enseignement dans les écoles publiques. Il a fait référence aux grèves récentes dans les écoles publiques au cours desquelles les enseignants demandaient des salaires justes et de meilleures conditions de travail, afin d’améliorer la qualité de l’éducation dans les écoles publiques.

M. Ilyas, un fermier, vit dans un village près de Karachi, au Pakistan. Il a sept enfants, le plus âgé a dix-huit ans et le plus jeune deux ans. Ses enfants étaient inscrits dans une école publique avoisinante. Cependant, il n’était pas satisfait des résultats de ses enfants à l’école dûs au manque de professeurs. Cela l’a inquiété pour le futur de ses enfants. Comme de nombreux autres parents au Pakistan, il a pris la difficile décision de privilégier l’un de ses enfants, son fils de dix ans, Naeem, aux autres enfants en pensant qu’un enseignement privé lui offrirait un meilleur futur.

Naeem a été scolarisé dans une école privée de la ville de Makli, dans la région de Thatta. Cela coûte 3000 roupies (£19.8) à M.Ilyas ce qui inclut les frais mensuels, le transport, les livres, et l’argent de poche. M. Ilyas gagne environ 10 000-12 000 roupies par mois (£66.1- £79.3) et il lui reste alors très peu pour subvenir aux besoins du reste de sa famille. Plus tard, comme de nombreux autres parents qui avaient pris la même décision, il s’est rendu compte qu’il ne pouvait pas se permettre d’envoyer Naeem à l’école privée et a dû le renvoyer à l’école publique.

Cependant, M. Ilyas a raconté qu’il ne s’attendait à ce que l’école publique offre à Naeem ou aux autres enfants de sa famille un autre futur que celui d’un travailleur journalier comme lui.

-

Mme Maria Ron-Balsera est coordonnatrice de la recherche et du plaidoyer pour le projet sur le droit à l'éducation

Ajouter un commentaire

(If you're a human, don't change the following field)
Your first name.
(If you're a human, don't change the following field)
Your first name.
(If you're a human, don't change the following field)
Your first name.