Sarah M. Field - @rightsstreams
27 Novembre 2016

Je sentais que l’humanité avait cessé d’être. Qu’un lieu d’apprentissage soit touché de cette manière, sans avertissement...où est l’humanité? … Il est censé être illégal dans toute guerre de frapper ce genre d’endroits…”

Récit d’un enseignant des frappes aériennes sur l’école al Shaymeh à Hodeidah, au Yémen (25 et 27 Août 2015) dans ‘Schools Under Attack in Yemen’(Des écoles sont attaquées au YémenRapport d’Amnesty International (11 Décembre 2015).

‘Les corps jonchaient le sol. Nous ne savions pas sur quoi nous étions en train de marcher. […] Il n’y avait aucune présence armée autour des écoles. S’il y en avait eu, nous n’aurions pas fait cours ce jour là.”

Récit d’un enseignant sur les frappes aériennes ayant touché les écoles de Haas, en Syrie (26 Octobre 2016) dans ‘Russie/Syrie: des images satellites et vidéos confirment l’attaque à Haas” Rapport du Human Rights Watch (16 Novembre 2016).

Les témoignages de ces deux enseignants, l’un yéménite, l’autre un syrien, évoquent la souffrance et le tort monstrueux causés par les attaques sur les écoles. Ces attaques, entre autres, témoignent de l’impérieuse nécessité de respecter les règles fondamentales du droit international, en particulier, comme l’a récemment rappelé le Conseil de sécurité par rapport aux attaques en Syrie mentionnées ci-dessus, de l’obligation de faire la distinction entre les objets civils et les objectifs militaires, et l’interdiction de lancer des attaques sans discrimination. Soutenir cela correspond à une autre obligation relative au respect du caractère civil des écoles.  Les deux choses sont profondément liées. La protection juridique internationale contre les attaques accordée aux écoles dépend nécessairement de leur caractère civil. C’est de ces doubles obligations que la Déclaration sur la sécurité dans les écoles est née. Influencés par les  Gouvernements de Norvège et d’Argentine, 56 États ont jusqu’à présent signé la Déclaration et se sont engagés à mettre en oeuvre les directives connexes.  Et cela est important.

1.  Les six directives peuvent être vues comme un facteur déterminant de la règle humanitaire de respecter et de garantir le respect du caractère civil des écoles qui peut être déduit des lois humanitaires internationales existantes:

             a. des règles humanitaires générales concédant une protection à la population civile et des règles plus spécifiques qui façonnent leur contenu; conjointement avec  

             b. des règles thématiques relatives à la protection de l’éducation, et le droit des enfants à une protection et un respect particuliers.

2.  Contribuer à la détermination de la règle, ou clarifier son contenu et sa portée, peut potentiellement accroître la conformité avec la loi  en faisant plus facilitant la divulgation de la loi et en rendant toute justification de non-respect de cette loi plus difficile.

3.  L’escalade menant au respect des règles, tel qu’exprimé dans les Directives, détermine les limites de l’utilisation militaire des écoles, et donc leur transformation d’objet civil à objectif militaire, limitant la réduction de leur protection face aux attaques.

4.  La délimitation de l’utilisation militaire des écoles protège les écoles à la fois en tant qu’espace d’apprentissage, et selon les règles humanitaires applicables de manière plus générales, en tant qu’espaces d’apprentissage sûrs.

5.  Ainsi, la protection des écoles, libère la continuité de l’éducation dans cet espace,  et donc du droit “à” l’éducation.

6.  Réciproquement, respecter et assurer le droit des enfants “à” l’éducation, rend accessible les droits multidimensionnels plus généraux des enfants “dans” et “à travers” l’éducation tels que le soulignent d’éminents experts et les organes conventionnels de traités ou Chartes.

7.  À cet égard on peut trouver les effets multiplicateurs des droits dans le développement individuel et collectif de notre potentiel progressif civil, politique, social, économique et culturel.

8.  L’éducation elle-même, comme le révèle des mini séries connexes, fait partie de la solution pour inciter au respect et à la sauvegarde (si ce n’est exiger davantage) de la loi à l’avenir.

Sarah M. Field a un mélange d’expérience pratique et académique dans le soutien de la mise en oeuvre du droit international relatif aux droits humains par le biais de la recherche internationale et de projets de plaidoyer juridiques. Un intérêt professionnel particulier est d’examiner de manière significative et constructive les processus de paix du point de vue des juristes, des droits humains et des droits de l’enfant. Il est complété et renforcé par une expérience parallèle (et formative) renforçant une connaissance et des pratiques locales de la loi internationale relative aux droits humains, avec un accent particulier mis sur l’égalité et la non-discrimination, aux niveaux domestiques et internationaux. Sarah est titulaire d’une licence en droit de Trinity College Dublin et a un doctorat de University College Cork, en Irlande. Elle est actuellement coordinatrice nationale du projet transeuropéen GENOVATE à University College Cork, en Irlande, et tient occasionnellement un blog (rights-streams.com).

Pour plus d’informations, veuillez consulter notre page sur L’éducation en situations d’urgence, qui inclut un document sur toutes les dispositions pertinentes du droit internationalet l’article suivant sur la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.

Mise à jour: Au 16 juin 2017, 66 États ont approuvé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.

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