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J'ai célébré aujourd'hui la Journée internationale de l'éducation à l'Hôtel du Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de la France. Deux tables rondes étaient organisées, avec des acteurs de haut niveau de l'éducation et du développement, autour de deux sujets :
- Quel programme commun pour faire avancer l’éducation dans l’agenda 2025 pour le financement du développement ?
- L’éducation, un levier de premier plan pour atteindre le développement durable
Le Ministre délégué chargé de la Francophonie et des partenariats internationaux, M. Thani Mohamed-Soilihi, a ouvert cet évènement en rappelant que l'éducation est un droit humain, soulignant que l'éducation était une priorité pour la France. Sa présence et son écoute tout au long de cette matinée est un signe encourageant de cet engagement. Souhaitons qu'il se traduise par des choix politiques ambitieux, à la hauteur des défis mondiaux qu'il a mentionnés.
Deux jeunes, Lilia TOUIL et Favour Reke, ont pris part aux discussions et porté des messages forts et inspirants. Elles ont toutes les deux dit que l'éducation les avaient sauvées, témoignant de leur histoire personnelle dans des contextes difficiles, marqués par les inégalités et les discriminations. Lilia s'est tournée vers le Ministre souhaitant qu'elle lui inspire "l'audace solidaire, celle d'être au service du bien commun". Elle a ajouté : "L’éducation vous permet de savoir qui vous êtes et où vous allez." Favour a répété que "la connaissance est le pouvoir". Elle a souligné l'importance de l'éducation informelle et la nécessité de répondre aux défis spécifiques des filles d'accéder à l'éducation. Leurs témoignages étaient touchants et ont permis de rappeler les réalités humaines dernières les politiques éducatives. Merci aux organisateurs de leur avoir permis de s'exprimer librement et authentiquement, ce n'est malheureusement pas toujours le cas dans ce type d'évènements.
Bertrand Walckenaer, Directeur général adjoint de l'Agence Française de Développement, a mis en avant le rôle nécessaire des organisations de la société civile dans les contextes de crises pour le travail de terrain. Le travail de suivi du droit à l'éducation que nous - l'Initiative pour le droit à l'éducation - appuyons actuellement au Sahel montre combien les défis sont grands pour que ce travail puisse être mené à bien dans un contexte difficile tant en termes de sécurité que de moyens financiers.
Andrien Sallez, de Asmae - Association Soeur Emmanuelle, membre de la Coalition Éducation et Adeline HAZAN, Présidente de UNICEF France, ont exprimé leur grande inquiétude concernant l'énorme coupe budgétaire dans l'aide publique au développement dans le projet de budget pour 2025. La France ne peut pas être à la hauteur de ses ambitions, notamment au regard de de sa stratégie internationale en matière d'éducation de base pour 2024-2028, sans prévoir le financement nécessaire à sa mise en oeuvre. Adeline Hazan a sonné l'alarme en disant que ce n'était pas seulement une question d'éducation mais aussi de survie.
La Présidente de UNICEF France a pointé que la question de l'accès à l'éducation est aussi un sujet en France, notamment pour les enfants qui ne sont pas domiciliés, ou qui vivent dans des hôtels ou des bidonvilles. Elle a aussi donné en exemple la Guyanne où il n'y a pas assez d'écoles et d'enseignants et où les enfants vont à l'école par rotation. Elle a partagé des chiffres forts, indiquant qu'un quart des enfants dans le monde vivent en zone de conflit et que la moitié sont exposés aux crises climatiques. Dans un tel contexte, il n'est pas concevable que l'aide au développement baisse si drastiquement. Elle a également rapporté le témoignage d'enfants en Ukraine qui ne vont plus à l'école depuis 4 ans et ne voient plus leurs copains, rappelant combien l'école est aussi un lieu de socialisation pour les enfants et les parents.
Mona Laroussi, la directrice de l'Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF - OIF) a mis en avant la complémentarité des acteurs de l'éducation et l'importance de travailler ensemble. Dans un contexte de développement accéléré de l'intelligence artificielle, elle a exprimé son "rêve" que les adultes de demain aient conscience de l’IA est un outil qui ne peut pas remplacer l’humain. A l'heure du tout numérique, elle a partagé de la nécessité d'accéder à des ressources en papier pour de nombreux acteurs de terrain, informant qu'une caravane de l'IFEF sillonne des villages dans certains pays d'Afrique francophone pour répondre à cette demande.
Isabelle Rome, Ambassadrice pour les droits de l'Homme, en charge de la dimension internationale de la Shoah, a souligné l'importance d'associer le droit à l'éducation à la question du travail des enfants et à leur besoin d'être correctement alimentés. Elle a eu un message fort : "l'éducation contribue à construire des hommes et des femmes libres et peut-être à sauver l’humanité".
Cette notion de liberté a été reprise par Stefania Giannini, sous directrice générale pour l'éducation à l'UNESCO qui a conclu son intervention en disant que "sans éducation, il n'y a pas de liberté." Elle a insisté sur l'importance d'investir dans l'éducation, affirmant que "l’éducation ne doit pas être perçue comme une dépense mais comme une solution."
Martin Benavides, le directeur de l'Institut International de Planification de l'Education de l'UNESCO, a été clair sur le fait qu'il ne fallait pas juste mieux financer l'éducation, notamment avec des critères d'équité et de sensibilité au genre, mais la financer plus. Il a également souligné la nécessité d'appuyer la mise en œuvre au niveau des pays, et pas seulement au niveau national mais aussi au niveau sous national, plus proche des écoles.
Bien qu'Adrien Sallez ait rappelé que "la puissance publique doit rester la première garante de l’éducation", il est regrettable que la question de la privatisation et de la commercialisation de l'éducation n'ait pas été davantage abordées dans ces deux tables rondes qui visaient à réfléchir à une stratégie et des messages communs dans la perspective de la 4eme conférence internationale sur le financement du développement à Séville en juillet prochain. Il est encore temps, et dans cette perspective, j'invite tous les acteurs concernés à prendre part au lancement de deux excellents documents sur les partenariats public-privé le 30 janvier prochain.
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